nom, prénom, surnom : grandes escarres sur la toile, azur pourpre tranché au couteau. ( DE BRUME ) pas le nom qu’il aurait dû porter. ( LÉON ) pas ce qu’on lit sur ses traits. identité synonyme d’à-peu-près ; ce grand nigaud ne ressemble pas à ce qu’indiquent ses papiers -- et pour cause ! le splendide patronyme n’est qu’imposture, comme un éclat de lune sur la ride de l’eau. et si d’ordinaire on joue de simplicité, il y a parfois ( NAPO ) qui fuse dans un rire. napoléon, pour vous servir.

âge, date de naissance : heures qui passent et s’entassent, amas décousu de pensées mortifères, ( VINGT-DEUX ANS ) qui ne riment plus à rien. le ( 24 SEPTEMBRE ) s’est perdu dans l’indifférence : c’est à peine si léon y pense. et pourtant -- il exhale le mystère des balances, cette fausse nonchalance aux airs d’indécision qui tromperait son monde.

lieu de naissance : sous la bruine des bords de loire, qu’on raconte. fut-ce ( NANTES ) ou ses alentours, il n’y a personne pour en témoigner. mais l’acte décrète, et léon s’en contente, aime prétendre qu’il est ( BRETON ) pour horripiler quelque intégriste. seule certitude : l’enfant a grimpé la tour lu avant la tour eiffel.

origines et nationalité(s) : à tous ceux qui font plisser leurs paupières en amandes railleuses, ceux à qui la lointaine asie n’inspire rien que de grossières caricatures, le gamin rappelle qu’il est ( FRANÇAIS )  ; c’est inscrit en gros sur la carte, gravé à grands coups de burin tout le long de sa colonne. léon n’a de ( CORÉEN ) qu’un père fantôme et le visage dont il en a hérité, enveloppe qui ne porte ni valeur ni passé.

statut civil et orientation : pression fugace de quelque bouche ; douce et sucrée comme la pluie. parfois les mains se lient, se dénouent, s’échappent, se retrouvent… sourires luisant jusque dans l'orbe d’une jeunesse grise où les seules luxures sont en demi-teintes. seul à deux, léon redécouvre corps et courbes indolentes des nymphes évanescentes. au-delà des regards il se rêve ganymède entre les bras de zeus, se cherche sur le ( SPECTRE DE KLEIN ) car, après tout, l’amour n’a pour visage que cinq lettres.

métier, job, études : le temps s’envole mais léon oscille, bâille aux corneilles sur les bancs de la ( FAC ) à s’en user les jeans. âme d’artiste voilée par d’indolents soupirs ; van gogh caché dans les marges, baudelaire tapi entre les lignes, il est ce morveux qui préfère l’impertinence aux grands airs de premier de classe. plutôt qu’un génie il se veut électron libre, atermoie, vadrouille des beaux-arts en hypokhâgne, pour s'échouer en deuxième année de licence ( LLCER ANGLAIS ). il erre et s'y perd, ne trouve pas sa place.


situation financière : marmot aux ongles noirs, semelles trouées, morve au nez, qu’on ne tient pas bien longtemps dans ses bras de peur que subsiste l'odeur. mais maman… maman n'a pas le temps. maman n'a plus rien. maman n’y voit rien. maman ne comprend pas l’urgence quand l’école pose des questions. et tout à coup c’est la sainte inquisition ! les services sociaux. ongles noirs, semelles trouées, morve au nez -- là-bas c’est tout pareil. jusqu’à ce que tonton rapplique, prenne sous son aile l’avorton qui tout à coup ( NE MANQUE PLUS DE RIEN )… si ce n’est d’une mère.