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i think i'm okay (rola)

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Anonymous
Invité
Dim 1 Déc - 16:53
Invité


watch me take a good thing and fuck it all up in one night
catch me, i'm the one on the run away from the headlights
no sleep, up all week wasting time with people i don't like
i think something's fucking wrong with me // @lola delorme

Putain.

On est le quinze novembre et ça parle déjà de Noël dans tous les coins. Au bar, t’entends tout le monde se demander quel cadeau offrir à sa meuf ou son mec. Dans les rues, tu vois les techniciens installer les lumières et les décorations. Les vitrines des magasins ont reveti les collections pleines de rouge, de vert, de blanc, de doré et de paillettes. T’aimes bien les paillettes, toi. Mais t’aimes pas cette période de l’année.

T’aimes pas Noël.
Ça fait six ans que t’as pas fêté Noël. Depuis que t’as quitté le domicile familial. Et depuis, tu passes les 24 et 25 décembre en boîte de nuit, à boire et à consommer tout c’qui passe, histoire de pas penser qu’c’est cette fameuse nuit.
Parce que Noël, c’est la famille.
Et pourquoi t’aimerais Noël ?
T’as plus de famille.
Personne à qui offrir des cadeaux. Personne qui t’en offre non plus. Et tout le monde est niais, et toi, t’aimes pas la niaiserie. T’aimes pas qu’on te demande ce que tu fais le soir du réveillon. T’aimes pas avoir à te justifier. T’aimes pas l’ambiance qui règne dans les clubs ces nuits là. Les reclus de la société, ceux qui n’ont nulle part où aller.
C’est triste.
Mais c’est la vie.
Certains sont plus chanceux que d’autres.

Et t’es un peu comme le Grinch, à faire ta rabat-joie dès que quelqu’un de parle de la magie de Noël, à cracher sur ceux qui vont des photos clichées à Disney, les bénévoles qui réclament des dons en proposant de réaliser les emballages cadeaux à la sortie des boutiques — comme si les gens savaient pas le faire eux-même —.
Et puis merde quoi, pourquoi à la mi-novembre, y’a déjà des films de Noël à la télé? Pourquoi si tôt? Et puis, y’a vraiment des gens qui regardent ça, qui prennent plaisir à suivre l’histoire de la cruche naïve qui passe sa journée à lire et faire des gâteaux, qui glisse sur une plaque de verglas, percute un homme qui sera son prince charmant qui vient en fait de la Laponie, c’est le fils du Père Noël parce que, surprise, le Père Noël n’est pas un personnage inventé, il existe vraiment ! Avec ses elfes serviteurs — ou bien c’est des lutins? C’est pareil non? Tu sais même pas, c’est des gens version miniature, whatever.
T’façon, même la Nature sait que Noël c’est nul, les plantes sont toutes pointues — le houx, ça pique, et les aiguilles de pin qui tombent toutes seules du sapin, ça dégueulasse les appartements, ça pue la forêt et ça pique aussi.
Bref, t’aimes pas Noël, cette ambiance mielleuse, ça t’agace et tu rentres chez toi énervée.

En plus, Lola te parle même pas, tu sais pas c’qui s’est passé. Fin si, tu sais. Tu l’as brusquée. Et c’est d’ta faute, encore, t’as sûrement tout gâché. Pourquoi tu sais pas patienter? Pourquoi, quand tu veux quelque chose, t’as besoin de l’avoir tout de suite? T’arriveras à rien dans la vie comme ça Rose, à toujours tout foutre en l’air.

Tu balances ton sac par terre, ta veste en cuir le rejoint rapidement. T’enlèves tes Dr Martens et ton jean que tu laisses au pied de ton lit pour rester en culotte, à l'aise. T’allumes la télé histoire d’avoir un fond sonore, tu te poses par terre et tu ouvres le tiroir de ta table de chevet.
Parce que ouais, t’en as envie.
Et qu’dernièrement, tu déconnes.
T’as replongé, c’est même plus utile de le nier.
Et c’est plus fort que toi.
Trop d’trucs qui vont pas. Mauvaise humeur enclenchée.
Un rail et ça s’arrangera.
Ou deux.
Ou trois.
Alors tu sors ton matos, et tu sniffes. Et ça te fait du bien. Pendant un certain temps.
Alors les deux suivants, tu les enchaînes. Parce que t’aimes bien. Cette sensation où tout s’arrête.
Le silence, ça fait du bien.
Même si tu commences à sentir ton coeur battre. Vite. Trop vite. La pression sur ta cage thoracique. Ta respiration saccadée. Et tu t’allonges, par terre. Pour te calmer.
Le temps te paraît long.
Et la sensation agréable se transforme en sueurs froides.
Et tu mets pas tellement de temps à comprendre c’qui t’arrives finalement. Encore moins quand ton corps commencer à trembler, à convulser. Plus le temps passe et plus ton état empire.
Mais c’est pas grave.
Ça va passer.
Ça va passer.
Et si ça passe pas… c’est qu’le destin aura pas été de ton côté.
Pas cette fois.

Anonymous
Invité
Dim 1 Déc - 20:45
Invité
lola a l'impression d'avoir tout foutu en l'air sans avoir compris comment elle a fait. sauf qu'elle sait pas s'exprimer correctement, ni par sms, ni en vrai. alors même qu'elle essayait de dire que ça la dérangerait pas, qu'elles soient ensemble pour de vrai, elle a l'impression d'avoir dit tout l'inverse sans s'en rendre compte. et peut-être qu'elle aurait dû envoyer d'autres messages à rose. et dire qu'elle est pas habituée, c'est pas vraiment une excuse, parce qu'envoyer un 'coucou ça va?', ça coute rien. mais elle avait l'impression que rose était en colère et c'est pour ça qu'elle a laissé le tout en suspens. quelle conne putain. elle sait pas non plus si elle a réussi à rattraper quoi que ce soit avec ses sms de l'autre jour.

mais elle va vérifier. en allant la voir. elle oublie de la prévenir, lola. rose lui a filé ses horaires et elle lui avait dit qu'elle passerait dans la semaine. ça peut tout vouloir dire et rien à la fois. mais au pire, elle est pas là. ça dérange pas lola de l'attendre. surement qu'elle lui doit au moins ça avec toutes les conneries qu'elle fait. pas besoin d'obstacles quand la relation concerne lola: elle les crée toute seule, comme une grande. vraiment stupide, mais le fait qu'elle fasse pas exprès, peut-être que ça rattrape ses méfaits.

lola veut arranger les choses. essayer de lui dire ce qu'elle pense vraiment, s'excuser aussi d'être aussi conne. lui dire qu'elle a pas aimé, qu'elles se parlent pas pendant plusieurs semaines. qu'en fait, elle aime vraiment bien être avec elle et putain, lui dire qu'elle lui manque aussi. elle sait pas si elle va y arriver. peut-être, peut-être pas, mais essayer, c'est toujours mieux que rien. et si rose l'envoie chier, lola comprendra. ce serait logique de toute façon. si ça se trouve, elle s'est sentie obligée de dire oui. et faut vraiment qu'elle arrête de réfléchir. qu'elle mette un stop à toutes ces pensées qui l'assaillent, mais putain, elle y arrive pas. ça bourdonne dans son crâne pendant tout le trajet.

arrivée devant chez rose, lola tape le code sur l'interphone, monte les escaliers et elle frappe à la porte. une fois. puis deux. s'dit que peut-être que rose est pas là. ou peut-être qu'elle l'a pas entendu. main sur la poignée de porte, elle tourne, la porte s'ouvre. bizarre qu'elle réponde pas si elle est chez elle. "rose?" est-ce que c'est malpoli d'entrer chez les gens sans y être invité? mais pourquoi est-ce qu'elle a pas fermé sa porte si elle est pas là? au pire, elle peut l'envoyer chier si elle veut pas la voir, c'est pas grave. "rose? t'es là? j'rentre, ok?" toujours pas de réponse. lola franchit le seuil de la porte.

panique. parce que rose est par terre et que son corps bouge tout seul. lola la rejoint au sol, accroupit à côté d'elle. "rose? rose putain!" rose est là sans vraiment l'être. lola regarde autour. remarque la coke un peu plus loin. putain. putain. putain. putain. les doigts qui tapent tout seul pour appeler le samu. téléphone en haut parleur sur le sol. est-ce qu'elle doit lui relever la tête? elle parle vite, lola, au téléphone. au type du samu. "rose, putain, reste avec moi s'te plait." et peut-être que lola est en auto-pilote. non, elle répond pas. oui, son coeur bat toujours. ouais, ça bat vite. oui, elle respire encore. lui pencher la tête en arrière, d'accord. les secours vont bientôt arriver.

fais pas ça, rose.
reste avec moi.
pars pas.
pas toi.
s'te plait.


mode automatique, mais ces pensées-là quittent pas son esprit. lola met rose en pls, comme on lui dit de faire. obéit sans y réfléchir. y a que rose dans sa tête. les secours arrivent. on fait bouger lola. lola qui bouge plus. elle sait juste que ses joues sont humides. ils mettent rose sur un brancard et lola les suit. mais elle peut pas venir avec eux.

elle récupère ses affaires et ferme la porte de l'appartement de rose.
fais venir un uber.
direction l'hôpital.
la salle d'attente.
on viendra lui donner des nouvelles quand ils en auront.
ok.
rose, s'te plait, pars pas. je t'aime.
mantra dans son crâne.
pitié que ça résonne suffisamment fort.
Anonymous
Invité
Lun 2 Déc - 18:27
Invité


Tu l’entends pas, Lola. Frapper à ta porte, te dire qu’elle rentre. T’entends rien. C’est quoi? Un sifflement ? Ou un bourdonnement ? Quoi qu’il en soit, ça te bouche les oreilles, anesthésiée, isolée du monde extérieur.
Puis c’est ta vision qui se brouille, tellement qu’ça te donne mal au crâne, alors tu finis par fermer les yeux.
C’est mieux comme ça, ouais.
Un peu.
Mais tu sens qu’en vrai, ça va pas.
Y’a la panique qui commence doucement à te gagner. Le corps qui commence à trembloter, pour finalement convulser.

La drogue, c’est mal.
On te l’a dit pleins de fois, Rose.
Tu te l’es dit pleins de fois.
Et cette sensation là, qui t’traverse toute entière à cet instant précis, tu l’as déjà vécue une fois.
Alors tu sais.
T’as abusé.
L'overdose, elle est pas dure à deviner.
T’es tellement paumée qu’tu sens même pas Lola qui est en train d’prendre ton pouls, d’te relever la tête ou encore d’te mettre sur le côté. T’entends pas les sirènes du SAMU. Tu vois un peu les lumières, de tes yeux vitreux et révulsés. Mais ça t’fait tourner la tête.
Et c’est à c’moment là que tu t’évanouis.

Perte de conscience.

Trou noir.

Lit d’hôpital.
Draps qui sentent le propre, lumière blanche aveuglante. Tes yeux qui papillonnent. Les courbatures qui se font ressentir dans tes muscles raidis. La douleur dans ta gorge sèche. Tu tousses — comme si ça allait aider, mais putain, c’est comme du papier de verre. Et tu tournes la tête — putain c’qu’elle est lourde, t’as mal au crâne bordel — vers ton bras, parce qu’y’a un truc qui te gêne. Aïe, une aiguille. Wait, une perfusion? Wtf? Et t’as c’premier réflexe — réflexe stupide, ouais — de chercher à retirer l’aiguille de ton bras.
T’es à l’ouest.
Tellement à l’ouest qu’tu remarques même pas sa présence.
Tu captes même pas qu’elle est là.

Anonymous
Invité
Lun 2 Déc - 18:54
Invité
salle d'attente bruyante et pourtant, lola n'entend rien. ni le gamin qui pleure dans les bras de sa mère, ni le mec qui se plaint du temps d'attente, ni celle qui gémit de douleur à côté d'elle. non, elle entend rien. bras croisés, regard fixé sur la porte d'où quelqu'un doit sortir pour lui dire comment va rose. elle se souvient juste entre deux qu'elle devrait prévenir ollie. s'dit que si elle le dit à quelqu'un, ça lui fera du bien. mais ça marche pas. ça va pas mieux.

elle est où, rose?
elle va bien?
j'veux la voir.


lola le savait putain. elle avait raison. un accident, c'est vite arrivé. mais c'était pas vraiment un accident, si? elle a pris la coke d'elle-même. est-ce que c'est parce qu'elles se parlaient plus? non, ça peut pas être ça, rose est plus forte que ça. ou peut-être pas. est-ce qu'elle a fait exprès? ou est-ce qu'elle en a juste trop pris?

rose lui a menti.
elle avait dit qu'elle avait arrêté.
qu'elle avait pas replongé.


après le vide intersidéral dans sa tête, c'est un ras-de-marée de pensées qui arrivent dans son crâne l'une après l'autre. trop de questions. mais une seule chose domine le tout: pars pas. lola a pas eu le temps de lui dire tout ce qu'elle avait à lui dire. rose a d'autres trucs à vivre, ça peut pas s'arrêter maintenant. putain.

puis on l'amène dans une chambre. lola sait même pas depuis combien de temps elle est là. perf accrochée au bras de rose, elle est pâle putain. lola s'assoit sur le fauteuil à côté du lit. croise les bras et la fixe. elle sait pas si elle pleure toujours. sait plus rien. elle veut juste qu'elle se réveille, voir ses yeux ouverts. voir qu'elle va bien, vraiment, qu'elle est vivante pour de vrai.

encore une fois: lola sait pas combien de temps ça prend. elle sait pas depuis combien de temps elle est assise là. sent même pas qu'elle a un peu mal partout. rien à foutre. rose bouge. tousse. commence à vouloir enlever la perfusion. "non, arrête, fais pas ça" elle récupère la main de rose dans la sienne, l'empêche d'aller attaquer l'aiguille. "t'as soif?" et en vrai, elle sait pas comment elle fait, pour être aussi calme et sereine à l'extérieur. rassurée de la voir en vie, mais triste qu'elle soit là, dans ce lit et pas chez elle. en colère aussi. mais pour l'instant, c'est la tristesse qui domine et surement que c'est tant mieux.
Anonymous
Invité
Lun 2 Déc - 23:00
Invité


Le réveil est douloureux. Aussi bien physiquement que psychologiquement. Physiquement, d’abord. Mal partout, la gorge qui brûle, les membres lourds. L’aiguille plantée dans l’intérieur de ton coude. Aouch. Tu tires sur le fil, l’envie de dégager d’ici. T’as jamais été fan des hôpitaux, toi. Le seul séjour que t’y as passé, c’est quand Antoine a failli te tuer avec les coups qu’il t’a mis. Depuis, tu t’en tiens aussi loin que possible. Mauvais souvenirs.

Et puis y’a une main qui attrape la tienne.
"non, arrête, fais pas ça"
Putain.
Elle est là?
Ou bien c’est toi qui délires ?

Tu relèves les yeux, encore un peu plissés par la lumière aveuglante.
Et tu la vois.
Et tu ravales ta salive.
"t'as soif?"
Qu’est-ce qu’elle fout là, putain ?
Ton coeur qui s’affole. Les bips de la machine aussi, en rythme avec les pics de ton électrocardiogramme. Super, aucun moyen d’être discrète ici.
Alors tu hoches doucement la tête. Noeud dans la gorge qui n’a rien à voir avec l’overdose, pour le coup.

Douleur psychologique qui s’fait ressentir.
"Pourquoi t’es là?" que tu demandes, un simple chuchotement, la voix trop rauque pour l’élever davantage. Pourquoi j’suis là, moi ? T’as le trou, t’étais dans ton studio, devant la télé, t’es rentrée, t’as retiré tes chaussures et puis… et puis quoi ?

T’essayes de te redresser, difficilement mais t’y arrives un peu. Tu prends le verre d’eau qu’elle t’a tendu entre temps, avales plusieurs gorgées. Assoiffée. Et tu te frottes le nez. Ça pique aussi, là-dedans.

Et y’a une infirmière qui entre dans la chambre. Elle vérifie les machines, regarde la perfusion, prend des notes, enroule ton biceps du brassard pour prendre ta tension. "Comment vous vous sentez, mademoiselle Chevalier?" Tu fronces un peu les sourcils, pas habituée à c’qu’on t’appelle comme ça. "Euh…" Tu te pinces les lèvres, hausses les épaules. "J’ai mal à la tête et j’ai la gorge qui brûle. Mais sinon ça va hein. Je pense pas que ce soit nécessaire que je sois là, j’veux dire…" Et elle te coupe la parole, posant quelques brochures sur ta table de chevet d’hôpital. "Hm, je n’en doute pas… Je vous laisse regarder ça. On va vous garder en observation en attendant quand même. Je repasserai plus tard. Reposez-vous." Regard qui ne te plait guère, un peu trop jugeur.

Et tu jettes un regard aux papiers colorés.

Centre de désintoxication.

Et là, tu pâlis.
Parce que tu comprends.
Et tu comprends qu’Lola sait.
Et t’as soudainement envie de vomir.
Dégoûtée.
Pas d'elle, non.
De toi.

Anonymous
Invité
Mar 3 Déc - 17:59
Invité
rose se réveille et pendant un instant, lola a l'impression que tout se calme dans sa tête. que ça y est, c'est bon, tous les problèmes sont réglés. mais non. c'pas le cas. rose a beau être réveillée, elle est toujours dans un lit d'hôpital. elle a quand même fait une overdose. et elle est quand même en train d'essayer de s'arracher sa perfusion. la sérénité qui a gagné lola s'envole en deux deux. elle attrape la main de rose pour la retenir, l'empêcher de continuer à essayer d'enlever l'aiguille de son bras. et non seulement lola lui dit de pas faire ça, mais elle lui demande aussi elle a soif. leurs regards se croisent et elle entend le moniteur s'emballer. "calme toi, s'te plait." ouais, comme si lui demander de se calmer allait faire en sorte que ce soit le cas.

"Pourquoi t’es là?" lola pourrait pas expliquer pourquoi, mais la façon dont la question est posée? comme si c'était pas normal? ouais, ça l'énerve. ou ça la blesse. les deux surement. mais comme elle sait pas gérer le fait d'être triste, elle retient plus facilement la colère. sauf que le vrai problème, c'est qu'elle arrive même pas à faire en sorte que la colère aille en direction de rose, nan. elle remplit un verre d'eau et elle le lui tend, l'observe. et tandis qu'elle s'apprête à répondre, une infirmière rentre. demande à rose comment elle se sent. "J’ai mal à la tête et j’ai la gorge qui brûle. Mais sinon ça va hein. Je pense pas que ce soit nécessaire que je sois là, j’veux dire…" et là par contre, lola fronce les sourcils. si, y a besoin qu'elle soit là. parce qu'il y a rien qui dit qu'elle va pas recommencer à peine sortie. l'infirmière laisse des flyers pour des centres de désintoxication avant de sortir de la chambre.

silence.

lola l'observe encore, voit le visage de rose qui se décompose au fur et à mesure des secondes qui s'écoulent. et même s'il y a une partie d'elle qui a envie de la laisser comme ça, elle peut pas. alors elle rompt le silence. "j'suis là parce que c'est moi qui t'ai trouvé." elle compte pas vraiment s'arrêter là, lola, mais elle sait pas vraiment comment continuer. elle sait pas vraiment sur quoi partir. elle a trop de choses à dire et si peu en même temps qu'elle a du mal. comme d'habitude, en fait. "tu répondais pas, mais la porte était pas fermée à clé, alors j'suis rentrée. j't'avais dit que je passerais, rose." le problème avec les choses qu'elle a envie de dire, c'est qu'elles risquent de culpabiliser rose. et elle sait pas si elle a vraiment envie de faire ça, mais putain, est-ce qu'elle a seulement le choix? pas vraiment. "tu m'as menti. une fois au moins, c'est sûr. mais quand j'revois le film entre nous deux, j'sais qu'il y en a eu d'autres. et j'comprends pas en fait. j'comprends pas pourquoi." besoin d'extérioriser et surement que c'est pas le moment, mais elle choisit pas, lola, c'est maintenant qu'elle a envie de parler. a besoin de parler surtout. "j'ai cru que t'étais morte. ou que t'allais mourir. et j'me demande si tu l'as fait exprès ou si c'était un accident? j'me dis que j'ai été conne de rien voir avant. et quand t'étais par terre, j'te demandais de pas partir. de pas me laisser, tu vois. parce que c'est trop tôt, tu comprends?" absence de filtre qui se fait ressentir, elle dit tout ce qui lui passe par la tête. et surement que ça fait trop d'informations pour rose en ce moment. ouais, surement. mais tant pis, c'pas grave. "tu te souviens quand j't'ai dit que ma plus grande peur c'était de voir mourir les gens que j'aime? y en a qui disent qu'il faut affronter ses peurs, mais la vérité, rose, j'te jure sur ma vie que si tu recommences j'me casse." et ça s'entend, qu'elle est énervée lola et surement que ça prendra du temps pour qu'elle se calme vraiment, mais au moins, c'est dit. même si ça va quand même pas mieux.
Anonymous
Invité
Lun 9 Déc - 20:50
Invité


"calme toi, s'te plait." Te calmer? Comment est-ce qu’elle veut qu’tu te calmes, putain? Tu sais pas c’que tu fous là, tu sais encore moins ce qu’elle fout là. C’est pas la famille, elle a le droit d’être là au moins?

Puis ton flot de pensées est interrompu par l’infirmière qui débarque pour te demander comment tu vas. Et tu réponds honnêtement — tu lui dis là où t’as mal, et p’têtre que tu minimises un peu, mais franchement, ça va, pas besoin de rester là, tu t’sens assez normale, juste déshydratée et crevée, ça arrive à tout le monde.

Jusqu’à c’qu’elle pose des flyers sur la table à côté du lit où tu te trouves. Des flyers plus qu’explicites.
Et là, tu comprends.
Tu sais pourquoi t’es là.
Bon, tu sais toujours pas pourquoi Lola est là aussi.
Mais le noeud qui s’est formé dans ta gorge t’empêche de dire quoi que ce soit.
Tu pleures pas toi, Rose.
Heureusement.
Parce que sinon, t’imiterais probablement les chutes du Niagara là.

"j'suis là parce que c'est moi qui t'ai trouvé." Silence. Tu veux pas y croire. Pas elle. "tu répondais pas, mais la porte était pas fermée à clé, alors j'suis rentrée. j't'avais dit que je passerais, rose." Et alors? Elle avait dit qu’elle passerait, et ? "tu m'as menti. une fois au moins, c'est sûr. mais quand j'revois le film entre nous deux, j'sais qu'il y en a eu d'autres. et j'comprends pas en fait. j'comprends pas pourquoi." J’t’ai pas demandé de comprendre. "j'ai cru que t'étais morte. ou que t'allais mourir. et j'me demande si tu l'as fait exprès ou si c'était un accident? j'me dis que j'ai été conne de rien voir avant. et quand t'étais par terre, j'te demandais de pas partir. de pas me laisser, tu vois. parce que c'est trop tôt, tu comprends?" La colère qui te gagne. La frustration. Puis la culpabilité. Et tout ça, ça fait pas un beau mélange, non. Plutôt explosif. Mode auto-destructeur activé. Bouclier de protection. "tu te souviens quand j't'ai dit que ma plus grande peur c'était de voir mourir les gens que j'aime? y en a qui disent qu'il faut affronter ses peurs, mais la vérité, rose, j'te jure sur ma vie que si tu recommences j'me casse."

"Bah casse-toi. J’te retiens pas." C’est les premiers mots qui sortent de ta bouche. À l’instantée, dès qu’elle termine sa phrase. Tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant d’parler, tu connais pas, toi. "T’avais dit que t’allais passer, et alors ? Faut qu’j’m’arrête de vivre en attendant que tu daignes avoir envie de venir ?" Ouais, Rose, tu t’es un peu arrêté de vivre, littéralement. T’es pas passée loin, visiblement. "Et pour ton info, j’suis pas suicidaire." Non, t’as pas fait exprès. T’avais pas prévu d’crever, ni de te retrouver à l’hosto. T’avais pas prévu d’OD. C’est juste… arrivé. Mauvais contrôle sur les dosages. Comme la première fois. Faut croire que t’es juste stupide en fait, à vouloir voler trop près du soleil, on finit forcément par s’brûler les ailes. "Bref j’suis pas morte, c’est bon, tu peux partir maintenant." Va t’en. Parce qu’être celle qui pousse les gens à s’éloigner, c’est plus facile à gérer que s’ils décident de partir de leur plein gré.

Anonymous
Invité
Lun 9 Déc - 21:30
Invité
lola parle surement trop, peut-être même que c’est une des premières fois où elle parle autant en compagnie de rose. y a que pour le cinéma, normalement, qu’elle se lâche. mais là ? elle arrive pas à retenir le flot de paroles qui sort de sa bouche. et elle sait que c’est pas le moment, mais c’est mort, elle peut pas se retenir. elle sait pas depuis combien de temps elle est là, mais tout du long, elle sait juste qu’elle n’a pas arrêté de réfléchir. beaucoup trop, tellement que voilà : elle parle maintenant. réfléchit même pas, elle sort juste des mots au fur et à mesure qu’elle les pense.

erreur.

"Bah casse-toi. J’te retiens pas." pardon? elle a du mal à avaler sa salive, lola, en entendant ce que lui dit rose. et elle a même pas eu besoin de réfléchir avant de parler elle non plus. et putain, ça fait mal. lola aurait préféré se manger une droite. "T’avais dit que t’allais passer, et alors ? Faut qu’j’m’arrête de vivre en attendant que tu daignes avoir envie de venir ?" lola comprend pas vraiment pourquoi rose est si agressive. non, vraiment, elle capte pas. surement que c’est normal, logique. surement que c’est de la faute de lola et de ce qu’elle a dit, mais à ce point? non, lola saisit pas. "Et pour ton info, j’suis pas suicidaire." ok. c’est bon à savoir. "désolée d'en avoir douté." ça sort tout seul, parce qu'il faut croire qu'elle aussi, elle réagit mal. lola espére juste qu'elle dissimule bien la peine, mais de toute façon, la douleur finit toujours par être camouflée par la colère.

"Bref j’suis pas morte, c’est bon, tu peux partir maintenant." sérieusement? lola la fixe, la quitte pas des yeux. d'un côté, elle a envie de partir, parce qu'elle sait qu'elle est fatiguée. elle sait qu'elle risque de devenir méchante juste pour pallier aux coups que rose vient de lui mettre à l'aide de ses mots. mais de l'autre? elle a pas envie de partir. elle a pas envie de la laisser. "t'es vraiment conne, rose." ça aussi, ça sort tout seul. parce que putain, elle a vraiment envie que lola parte? et faut pas qu'elle y réfléchisse trop, lola, rose a l'air trop sincère pour qu'elle se pose trop de questions là-dessus. "j'ai pas dit que j'allais passer dans ce sens-là. j't'ai déjà empêché de faire un truc?" elle aurait au moins dû essayer de l'empêcher de faire quelques trucs, visiblement, mais elle savait pas. aurait dû s'en rendre compte, mais c'est trop tard pour revenir en arrière maintenant.

"comment j'dois le prendre au juste? j'peux partir dans quel sens, rose? définitivement ou juste pour aujourd'hui? sois claire, s'te plait." elle veut pas y réfléchir, lola, mais au final, elle pose quand même la question. juste pour être sûre de bien comprendre. "et j'partirai pas tout de suite, de toute façon. quand ta cousine sera là, j'te laisserai avec elle. mais en attendant, t'as qu'à te rendormir comme ça tu me verras pas." ouais, elles ont qu'à faire comme ça. pourtant, c'est pas qu'elle veut, lola. sauf que tout ce qu'elle voulait lui dire tout à l'heure? elle est incapable de le dire maintenant. pas après ce que rose vient de lui dire. 
Anonymous
Invité
Lun 9 Déc - 22:05
Invité


Qu’est-ce qu’elle veut que tu dises? Que t’es désolée? Tu l’es pas. T’as pas fait exprès.
Et puis t’façon, ça la regarde pas, c’que tu fais chez toi. Si t’as envie d’te bousiller la santé, d’avoir les sinus irrités à en saigner, de finir stoïque et froide sur l’plancher, ça la regarde pas, putain de merde.
Laisse-moi. Vas-y, pars. Et si tu pars pas là, j’te cracherai d’autres horreurs à la gueule jusqu’à temps qu’tu supportes plus.
Parce que c’est ta méthode ça, Rose. Et elle fonctionne plutôt bien.
Faire fuir les gens, tu sais faire.
Et là, c’même pas pour te protéger toi.
C’est pour la protéger, elle.

Et elle te fixe en silence. Probablement sur le cul que tu réagisses comme ça. Que tu te permettes de lui faire des réflexions, toi, à elle — alors que t’es pas vraiment celle en position de force là.
"t'es vraiment conne, rose." Prévisible.
C’était sûrement c’que tu cherchais.
L’insulte qui veut tout dire. J’te déteste, tu m’déçois tellement qu’j’sais même pas quoi dire d’autre.
"j'ai pas dit que j'allais passer dans ce sens-là. j't'ai déjà empêché de faire un truc?" Tu réponds pas. À quoi bon? C’pas le sujet, là. On s’accroche aux détails pour pas faire face au plus gros problème.

"comment j'dois le prendre au juste? j'peux partir dans quel sens, rose? définitivement ou juste pour aujourd'hui? sois claire, s'te plait." Ton coeur qui s’met à s’accélérer. La courbe sur le graphique du moniteur qui change de rythme face à la panique de sa phrase.
Putain, tu détestes ça.
C’comme passer au détecteur de mensonges.
"J’m’en fous, fais c’que tu veux."
Faux.
"et j'partirai pas tout de suite, de toute façon. quand ta cousine sera là, j'te laisserai avec elle. mais en attendant, t'as qu'à te rendormir comme ça tu me verras pas." Tu tournes la tête vers elle d’un coup. "T’as prévenu ma cousine?!"
Et les bips de la machine qui s’affolent encore.
La rage qui monte.
Ton sang qui fait qu’un tour dans tes veines. "Putain mais t’es sérieuse?! Pour qui tu te prends?! Qui t’a demandé de prévenir Cléo? Personne à c’que j’sache! Et putain, fais chier ça aussi, ta gueule!" Que tu pestes contre les machines qui captent ta colère p’têtre encore mieux que Lola.
Cléo, que t’avais perdue de vue pendant cinq ans, que t’as retrouvée y’a à peine six mois.
Et là on va lui dire qu’t’as fait une overdose?
Mais c’est une blague?
À la seule famille qu’il te reste?
Et tu peux pas contenir ta colère, t'arraches les fils, retires d’un coup l’aiguille de la perfusion enfoncée dans ton bras en serrant les dents. Et t’appuies sur l’intérieur de ton coude pour éviter que ça saigne.

Les bruits stridents qui s’arrêtent quand les machines s’éteignent.
"J’te déteste."
Non, j'crois que je t’aime, en fait.
Mâchoire serrée, prête à te péter les dents.
Et t’as les yeux qui deviennent humides — mais putain, hors de question qu’tu verses une seule foutue larme.
"Dégage. J’ai pas besoin de toi."
Tu sais aussi qu’c’est faux, ça.
Mais on t’a jamais appris à réfléchir avant de parler.
Tant pis.

Anonymous
Invité
Lun 9 Déc - 23:11
Invité
l'insulte part toute seule, premier réflexe de lola. plus facile de l'insulter que lui dire ce qu'elle pense vraiment. plus facile de dire ça que dévoiler encore un peu ses sentiments pour se refaire cracher dessus. pour que rose lui dise de partir. lola s'demande si c'est à cause de ce qu'elle a dit? ouais, elle a dit qu'elle partirait si rose recommençait, mais elle compte pas recommencer, si? alors y a pas de problème, non? lola s'fait les questions/réponses dans sa tête, c'est beaucoup plus simple que de demander à haute voix. et ça doit pas être le moment en plus. de toute façon, y a pas de bon moment pour ce genre de conversation.

ça remue sur le moniteur de rose, mais lola y fait pas vraiment attention. trop concentrée sur rose pour faire gaffe à leur environnement. elle cherche à savoir ce qu'elle veut. qu'elle parte maintenant ou pour toujours. dans les deux cas, ça lui plait pas à lola. mais ce qui lui plairait encore moins? que ce soit définitif. parce qu'elle l'aime en fait et qu'il a fallu qu'elle manque de la perdre pour le comprendre. elle veut pas que ça recommence. pas tout de suite. jamais en fait. "J’m’en fous, fais c’que tu veux." c'est pas une réponse ça. ça veut rien dire. si lola fait ce qu'elle veut, elle reste ici. et c'est ce qu'elle lui dit d'ailleurs. qu'elle restera ici jusqu'à ce que sa cousine arrive.

visiblement, ça non plus, c'était pas le truc qui fallait dire. "T’as prévenu ma cousine?!" bip qui s'emballe derrière rose, ça attire l'attention de lola cette fois-ci. "Putain mais t’es sérieuse?! Pour qui tu te prends?! Qui t’a demandé de prévenir Cléo? Personne à c’que j’sache! Et putain, fais chier ça aussi, ta gueule!" pendant une seconde, lola bouge pas. parce qu'elle s'attendait pas à cette réaction. elle s'attendait pas à ce que ça l'énerve autant. mais c'est ce que les gens font normalement, non? ils préviennent la famille, non? "je..." mais lola a même pas le temps de finir sa phrase. rose s'arrache la perfusion d'un coup et lola se redresse. "mais arrête putain!" trop tard pour l'en empêcher. un peu comme pour tout le reste finalement.

"J’te déteste." c'est quoi qu'ollie lui disait l'autre fois? sur les coeurs brisés? ouais, vaut peut-être mieux pas qu'elle s'en souvienne exactement là tout de suite. lola sait pas si elle dit ça sous le coup de la colère, mais en tout cas, putain, ça a l'air réel. et ça fait mal. comme la boule qu'elle a dans la gorge. "Dégage. J’ai pas besoin de toi." elle a du mal à avaler, du mal à respirer. mal partout en fait. "j'suis désolée." j'voulais pas t'faire du mal, j'te jure. mais ça ferait beaucoup trop de choses à dire et elle arrive plus vraiment à parler. et de toute façon, le mal est déjà fait. de tous les côtés.

inspire. expire.
c'est rien, ça va passer.
inspire. expire.


mais quand y a plus de colère, c'est vraiment dur de gérer. lola sait pas faire. "j'te jure, je..." mais elle s'fait couper la parole par une infirmière qui entre dans la chambre. "Qu'est-ce qui se passe?" et "On va devoir vous remettre la perfusion" blah-blah-blah. mais lola entend pas vraiment, parce qu'elle arrive pas à lâcher rose du regard et que ça bourdonne dans ses oreilles. "Excusez-moi?" c'est à elle qu'on parle? lola tourne la tête vers l'infirmière, mais c'est lent. à deux à l'heure. c'trop pour elle.

c'était plus facile de rien ressentir.

"Je ne pense pas que votre présence soit bénéfique au bien-être de mademoiselle Chevalier en ce moment, je vais devoir vous demander de partir. Revenez plus tard si vous voulez, mais pour le moment..." lola arrête de l'écouter. parce qu'elle a raison en fait. elle lui a apporté quoi de bon à rose? que dalle. elle a jamais su lui dire qu'elle veut être avec elle. elle a jamais su lui dire quoi que ce soit à part lui envoyer des putain de coeurs par texto. résultat? rose a fait une overdose et peut-être que si lola avait été moins conne, ça serait pas arrivé. et si elle avait pas prévenu sa cousine, elle aurait encore la perfusion et elle serait pas autant en colère. et de toute façon, rose lui a demandé de partir. non, vraiment, lola a rien à faire là.

mais elle se tourne quand même vers rose, sauf qu'elle arrive plus à la regarder dans les yeux. non, c'est pas possible. "j'voulais pas te blesser, j'suis désolée, vraiment."

inspire. expire.
tu pleureras après, t'en as assez fait ici.


"j'repasserai." ou pas. pas si rose veut pas. et elle a pas l'air de vouloir revoir lola. merde. et elle se précipite vers la porte. elle pleurera chez elle. ou avant, elle sait pas vraiment.
Anonymous
Invité
Mar 10 Déc - 17:53
Invité


C’est l’fait de savoir qu’elle l’a dit à Cléo qui te fait vriller. Les insultes qui fusent. Le rythme cardiaque qui déraille. La rage qui s’empare de toi.
La rage qui dissimule en réalité la peur.
La peur de décevoir.
La peur du regard des autres.
De la seule personne que tu peux encore appeler ‘famille’.
Tu lui avais pas dit, à Cléo, qu’t’étais tombée si bas, pendant ces années de séparation. Tu l’as sous-entendu, ouais, mais tu sais pas si elle a vraiment saisi la gravité de la situation. Elle qui semble si douce, si innocente, à la vie parfaite.
T’entends même pas Lola qui balbutie, t’entends juste les bruits des machines et ça te tape sur les nerfs alors tu pètes un câble et tu débranches tout. "mais arrête putain!" Et ça sort tout seul, une fois qu’le silence est retombé.
Tu la détestes.
Et t’as pas besoin d’elle.
Et tu veux qu’elle parte.
Loin d’ici.
Loin de toi.

"j'suis désolée."

Et le silence, encore une fois.
L’adrénaline qui retombe, un peu. Doucement.
Ta poitrine qui se soulève et s’affaisse sous ta respiration irrégulière. Comme si tu venais de courir le cent mètres.

"j'te jure, je..." Interrompue.
"Qu’est-ce qui se passe? On va devoir vous remettre la perfusion." "J’en veux pas d’votre perf, j’vais bien." Agressive. Blessée. Énervée. Et tu repousses l’infirmière de ton bras quand elle cherche à te repiquer. Qu’elle ose même pas poser la main sur toi, tu risquerais de lui en coller une.

"Excusez-moi? Je ne pense pas que votre présence soit bénéfique au bien-être de mademoiselle Chevalier en ce moment, je vais devoir vous demander de partir. Revenez plus tard si vous voulez, mais pour le moment..." Non, pars pas. Mal au coeur. Envie de vomir qui te gagne. "j'voulais pas te blesser, j'suis désolée, vraiment."
Tu la regardes pas.
Tu peux pas.
Tu peux pas pleurer.

"j'repasserai."
Ça sonne comme une promesse.
Et pourtant...
"Vaut mieux pas."
T’espères qu’elle repassera pas. Pour elle. Pour son bien-être à elle.
Parce qu’au final, tu veux pas la mêler à ta vie.
Parce que tu t’connais, Rose. Tu sais qu’t’iras pas en centre de désintox. Parce que t’as pas envie d’arrêter. T’es retombée dedans après cinq ans d’abstinence.
T’es faible, et tu l’sais.

Et elle s’en va.

C’est là qu’les infirmières débarquent, plusieurs à la fois, dans l’but de te remettre ta perf. Mais tu les envoies chier. Salement.
T’en veux pas d’cette perf. T’façon, c’est juste une solution pour t’éviter la déshydratation. Rien d’nécessaire.
Alors après la bataille, elles abandonnent finalement l’idée. "On vous garde quand même encore quelques jours ici. Et si vous présentez encore des signes d’agressivité, on n’aura pas d’autres choix que de vous immobiliser." Et tu lâches un rire mauvais. "Ouais, c’est ça."
Genre tu vas rester ‘quelques jours’ ici. Ça va pas la tête. Faut pas rêver. T’as un loyer à payer toi. Un job qui t’attend. Une vie à reprendre. Tu veux bien passer la nuit ici — t’façon vu le scandale que tu viens de faire, on risque pas d’te quitter des yeux.
Mais demain, tu mets les voiles, c’est sur et certain.

Anonymous
Invité
Mar 10 Déc - 18:33
Invité
le lendemain.

y a rien à faire, lola a une gueule de déterrée. elle avait beau être fatiguée quand elle est rentrée, ça l'a pas empêché de rester éveillée. ou plutôt, ça l'a pas empêché de chialer comme une merde toute la nuit. incapable de faire autre chose. à s'dire qu'elle a tout gâché comme ça, d'un claquement de doigts. ou plutôt en une seule phrase. sans s'en rendre compte.

mais elle a dit qu'elle repasserait.
alors elle repasse.
quitte à pas rester longtemps.
quitte à ce que rose la jette à nouveau.
c'est pas grave.

peut-être qu'elle finira par en avoir assez à un moment.
peut-être que ça l'aidera à l'oublier.
ou pas. c'pas si facile que ça.


lola frappe à la porte, entre sans vraiment attendre qu'on l'y invite. tête qui passe l'embrasure. corps qui reste dehors. elle veut pas s'imposer. pas encore une fois. et pourtant, deux secondes après, elle rentre. faut croire qu'elle arrive même pas à s'écouter elle-même alors pourquoi est-ce qu'elle aurait écouté rose hier soir quand elle lui a dit qu'il valait mieux pas qu'elle revienne? ouais, aucune raison.

et pour éviter de se faire envoyer chier tout de suite, elle prend la parole direct. elle fait la meuf assurée et pourtant, à l'intérieur, elle a l'impression que son monde entier s'est écroulé la veille. "j'sais que t'as pas envie de me voir, mais j'voulais quand même prendre de tes nouvelles." c'est une façon comme une autre de ne pas assumer qu'elle voulait juste la voir. attester encore une fois du fait que c'est bon, elle respire. "et j'voulais te redire que j'étais désolée. j'ai pas... j'avais du mal hier. mais j'te jure que j'voulais pas te blesser. j'pensais vraiment que c'était ce qu'il fallait faire dans ces cas-là, mais j'sais que j'aurais dû te demander avant. sauf que j'ai pas... j'réfléchissais pas correctement." c'est peu de le dire. "bref, j'suis désolée, vraiment. c'juste que... j'ai vraiment eu peur pour toi. y a d'autres trucs aussi, mais c'pas le moment." elle parle trop, encore, mais elle essaie de se rattraper comme elle peut. lola veut pas qu'elles arrêtent maintenant.

"et j'comprendrais que tu veuilles plus me voir. mais voilà." elle hausse les épaules, parce que de toute façon, c'pas elle qui décide. et de toute façon, peu importe le choix de rose, elle aura raison.
Anonymous
Invité
Mar 10 Déc - 20:02
Invité


La nuit est passée. Et non, elle porte pas conseil.
Faut dire qu’t’as quasiment pas dormi. Tu t’es tournée et retournée, encore et encore, dans c’lit que tu ne connais pas, dans les draps trop propres et trop froids. Avec les bruits environnants, les machines, les patients.
Tu hais l’hôpital.
T’as réussi à n’pas te refaire piquer, c’est déjà ça.

Et au petit matin, tu t’es levée. T’es allée prendre une douche rapide, tu t’sentais crade — probablement normal, vu c’que t’as vécu.
Les souvenirs te sont revenus entre temps.
La sensation d’étouffement, les tremblements, l’esprit qui divague.
Fallait juste qu’ton cerveau se remette en place.
On t’a ramené un petit dej que t’as avalé sans réfléchir. La faim qui te tiraillait le ventre malgré tout. C’est gratuit, t’en as profité.
T’as eu le rendez-vous médical du matin, le fameux check-up.
Comment vous vous sentez? Vous réalisez ce qui s’est passé? Est-ce que vous avez conscience qu’il vous faut de l’aide? Bla bla bla.
Ouais, t’as conscience de tout ça. Mais t’en veux pas, de leur aide.
Tu veux d’l’aide de personne, d’ailleurs.
Habituée à te débrouiller par toi-même.

Et après le petit-dej, t’as rassemblé tes affaires.
Concentrée, t’entends pas les bruits contre la porte.
Probablement le manque de sommeil qui t’joue des tours.

Jusqu’à entendre sa voix.
"j'sais que t'as pas envie de me voir, mais j'voulais quand même prendre de tes nouvelles." Tu restes immobile, dos à la porte, dos à elle. Tu sais qu’elle a pas fini de parler. Alors t’attends. "et j'voulais te redire que j'étais désolée. j'ai pas... j'avais du mal hier. mais j'te jure que j'voulais pas te blesser. j'pensais vraiment que c'était ce qu'il fallait faire dans ces cas-là, mais j'sais que j'aurais dû te demander avant. sauf que j'ai pas... j'réfléchissais pas correctement. bref, j'suis désolée, vraiment. c'juste que... j'ai vraiment eu peur pour toi. y a d'autres trucs aussi, mais c'pas le moment. et j'comprendrais que tu veuilles plus me voir. mais voilà."

Tu finis par te retourner vers elle. Cernes bleues de quatre kilomètres de long — tu marques vite, toi. Joues creusées, peau pâle. Pas d’maquillage, tu ferais presque un peu peur. Mais ça colle avec le décor. L’hosto, c’est pas un salon de beauté.
Et tu gardes le silence au début.
"Comme hier, j’vais bien." Que tu finis par lâcher.
Puis tu finis par recommencer à emballer tes affaires. C’plus facile de parler en faisant autre chose, quand tu la regardes pas. Ça enlève un peu le côté solennel.
"Cléo savait pas. C’est ma cousine, mais on s’est pas parlées pendant six ans. Je viens à peine de la retrouver. Et j’voulais pas qu’elle sache. Elle avait pas à savoir. Tu peux pas t’immiscer dans mes relations comme ça." Ouais, tu l’as mal, pour Cléo. Et p’têtre que tu comprends sa démarche. Un peu. Mais ça n’empêche que ça t’fait chier, ça t’fout vraiment dans la merde.
"Mais c’bon, tu vois. T’as pas à avoir peur pour moi. C’tait pas la première fois." Sous-entendu, j’suis pas morte la première fois, j’suis pas morte cette fois-ci, j’sais ce que je fais.

"T’es un peu v’nue dans l’vide par contre, j’me casse là." Que tu dis en fermant le zip de ton sac, tes affaires étant rassemblées. T’enfiles le sweat qu’Enzo t’a laissé hier en guise de veste, marquant le départ.
Contre avis médical, ouais.
Parce que qu’est-ce que t’en as à foutre, ce que les autres pensent?
Ils peuvent pas savoir mieux que toi c’qui est le mieux pour toi de toute façon.

Anonymous
Invité
Mar 10 Déc - 21:25
Invité
besoin de se justifier ou peut-être que c'est juste le besoin de tout faire pour essayer de se rattraper. pour essayer de se faire pardonner. pour que rose arrête de la détester. elle veut pas la perdre. et même s'il a fallu que ça se passe comme ça pour qu'elle s'en rende compte vraiment - enfin, d'une overdose surtout -, lola veut au moins tenter de le faire comprendre. quitte à se prendre un autre mur. tant pis.

"Comme hier, j’vais bien." ah. si on considère qu'elle allait bien hier alors, on peut supposer que tout va encore mieux aujourd'hui. sauf que lola voit bien que ça va pas si bien que ça. avec leurs têtes, ça se voit que clairement, elles peuvent dire ce qu'elles veulent, non, ça va pas. surement que c'est pire pour rose. et est-ce qu'elle est en train de préparer ses affaires? pourquoi? "Cléo savait pas. C’est ma cousine, mais on s’est pas parlées pendant six ans. Je viens à peine de la retrouver. Et j’voulais pas qu’elle sache. Elle avait pas à savoir. Tu peux pas t’immiscer dans mes relations comme ça." lola se mord la lèvre, hoche la tête. vraiment, elle pensait pas à mal. mais le truc qu'elle sait aussi, c'est que rose a le droit de pas avoir envie de la pardonner tout de suite. ou la pardonner tout court. "Mais c’bon, tu vois. T’as pas à avoir peur pour moi. C’tait pas la première fois." lola fronce les sourcils, comment ça c'était pas la première fois? lola se souvient que rose lui a déjà parlé d'une période sombre dans sa vie et surement que c'est ça. mais pourquoi est-ce qu'elle a replongé maintenant? question con, doit pas y avoir une raison particulière, surement que c'est arrivé comme ça. "T’es un peu v’nue dans l’vide par contre, j’me casse là." comment ça? trop de questions.

"mais t'es sure que c'est bon pour toi de sortir maintenant?" peut-être qu'elle devrait attendre un peu? parce qu'il y a toujours la coke posée là où elle l'a laissé. parce que peut-être qu'elle va recommencer direct. et lola tient trop à elle, non, c'est mort. "j'peux te raccompagner?" elle gratte, lola. mais elle fait comme elle peut. et elle a envie de lui dire qu'elle recommencera plus, à s'immiscer dans ses relations, mais est-ce que c'est réellement nécessaire? elle en aura surement plus jamais l'occasion, alors à quoi bon? et lola pense aux clés de rose qu'elle a gardé avec elle. "j'ai tes clés au fait, j'avais refermé la porte de chez toi. j'ai oublié de te les laisser hier." ouais, on s'demande pourquoi. mais elle sait pas si elle a vraiment envie de lui donner. même quand elle les tend à rose, ça s'voit qu'elle est pas si sereine que ça.
Anonymous
Invité
Mar 10 Déc - 22:50
Invité


Tu lui dis qu’tu vas bien. Qu’c’était pas la première fois. L’air de dire ‘c’est bon, je gère’. J’ai pas besoin de toi. Encore une fois.
La vérité, c’est qu’t’as besoin de quelqu’un. Tu sais pas qui, tu sais pas pourquoi, mais tu pourras pas continuer à vivre mais un loup solitaire toute ta vie, Rose.
Ça finira par te détruire.

Tout c’que tu sais c’est que tu veux quitter cet hôpital, partir au plus loin de ces brochures de centres qu’on te secoue en permanence sous le nez comme une menace. "mais t'es sure que c'est bon pour toi de sortir maintenant?"
Tu hausses vaguement les épaules. "C’est qu’une overdose minime. J’suis pas allée en réanimation, j’ai pas fait d’arrêt. J’suis juste déshydratée, elle servait juste à ça la perf d’hier." Et p’têtre qu’elle va se dire que t’en connais beaucoup trop sur le sujet pour ton bien. P’têtre que ça va encore plus l’alarmer.
Mais tu l’avais vaguement prévenue.
Et faut croire qu’elle, elle s’y connait pas du tout.
Parce que y’avait des signes.
Les saignements de nez, c’était pas du au stress.
Les mains qui tremblaient, c’était pas qu’t’avais froid.
Quand tu disparaissais un peu trop d’fois aux toilettes, c’était pas qu’t’avais une petite vessie.
Mais tu la blâmes pas. C’est normal d’pas savoir.
C’est toi qui est pas normale, Rose.

Tu passes ton sac sur ton épaule et tu t’avances vers la porte, toujours bloquée par la présence de Lola. "j'peux te raccompagner?" Tu la regardes. Sans trop savoir quoi dire. Tu sais qu’tu devrais dire non. T’as envie de dire non. Pourtant, c’est pas c’qui sort de tes lèvres. "S’tu veux."

T’ouvres grand la porte, la contournes pour aller signer les papiers à l’accueil non loin de ta chambre. Oui, je refuse les soins et la prise en charge médicale. Quelques gribouillis sur le papier et tu repasses devant ta chambre, la sortie étant de l’autre côté.
"j’ai tes clés au fait, j'avais refermé la porte de chez toi. j'ai oublié de te les laisser hier." Et elle tend la main pour te donner ton trousseau, que tu récupères. "Merci."

Et t’enfonces tes mains dans les poches de ton sweat en te dirigeant vers la sortie.
Douze minutes à pied de chez toi.
Alors vous marchez.
En silence.
Et puis tu montes jusqu’à ton studio, elle à ta suite.
Et quand tu déverrouilles la porte et que tu pénètres dans la pièce, c’est la douche froide.

La télé encore en veille, qui affiche un gros "no signal".
Tes fringues par terre.
La lampe de chevet encore allumée.
Et le petit plateau de métal par terre, résidus poudreux des rails encore présents.
Le sachet de coke ouvert juste à côté.

Et tu renifles, Rose. Le bout du nez qui chatouille. Tu te le pinces, puis te racles la gorge. Tu fais quelques pas jusqu’à la scène de crime.
Tu te penches pour ramasser le sachet que tu refermes avant de le ranger dans le tiroir de ta table de chevet. Tu balances la poudre blanche qu’il reste sur la plaque par la fenêtre et tu la ranges elle aussi.
Tu refermes le tiroir en le claquant un peu, puis tu vas à la cuisine pour te servir un grand verre d’eau fraiche que t’avales en quelques secondes.

Et puis, tu retires tes chaussures et tu vas te mettre dans ton lit. Au fond, côté mur. Le regard face à ce dernier.
Renfermée.
Tu peux pas faire grand chose d’autre, de toute façon. Et p’têtre que le confort de ton lit te fera te sentir un peu mieux.
Parce qu’en fait, t’as menti.
Non, tu t’sens pas trop bien.
Et tu sais c’que c’est.
Après la montée vient la descente.
Mais tu dis rien.

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