(crédit : bandit rouge)
Cette histoire commence dans une voiture. Pas banale vous me direz. Pourtant, c'est bien comme ça qu'elle commence. Les copines de Becca sont toujours surprises quand elles l'entendent. Et elle, ça la fait bien rire.

Dans une voiture. Rebecca est née à l'arrière d'une vieille citadine anglaise, alors que sa mère refusait d'aller à l’hôpital. "Des charlatans" que disait la vieille. Un accouchement à l'arrache, sur une vieille banquette. Le nouveau-né a poussé un sacré cri avant que sa mère ne consente à voir un médecin, trois heures plus tard. Je vous l'avais dit, une drôle d'histoire.

Elle l'a appelé Rebecca. Parce que c'était joli comme prénom. Et ça lui rappelait son père, qu'elle disait parfois. Un père absent, inexistant. Elle ne l'a jamais connu et ne veut pas vraiment savoir. Avoir sa drôle de mère était déjà suffisant à sa vie. Surtout quand on change de maison tous les trois ans.

D'abord Londres, puis un coin perdu de l'Angleterre. Avant d'aller dans le nord de la France. Puis Paris. Rebecca en a vu du pays, des gens différents, des drôles de gens. Fallait dire que sa mère était un drôle de personnage, qui fumait des joints et adorait la guitare. Qui passait son temps à danser dans sa grande jupe à fleurs. Elle était bizarre mais Becca l'aimait, à sa façon. Bien qu'elle ne lui ait pas donné une bonne éducation.

Elle eut au moins la chance d'aller à l'école. Si on peut appeler ça une chance. Petite fille mignonne et gentille, elle avait toujours plein de copines. Jeune fille jolie, elle attirait les garçons et parfois les soucis. Jeune femme, elle dut arrêter le lycée après avoir appris qu'elle attendait un bébé. D'un gars plus grand qui n'était pas prêt à avoir un enfant. Alors, Rebecca a pris ses responsabilités et a gardé son nouveau-né. Un petit garçon tout mignon aux grands yeux marrons.

Elle s'est mise à travailler. A 16 ans. A l'époque, c'était plus facile de se faire embaucher. Mais elle devait gérer sa mère et son bébé. Une partie de sa vie un peu compliqué. Jusqu'à ce qu'elle décide de partir avec son gamin. Salut maman, c'était bien. Mais maintenant, je dois vivre ma vie.

Vingt ans. Rebecca est toujours aussi belle. Aussi souriante. Amusante. Mais avec un gamin de quatre ans. Pourtant, un homme s'intéresse à elle. Un gars qui bosse avec elle. Il lui fait la cour. Et veut même l'épouser. Elle accepte sans hésiter. Elle est un peu fleur bleue après tout Becca. Dommage que cela n'est pas duré.

Trois ans. Il est resté trois ans avant de partir avec une autre. Il l'a laissé, elle, son fils et leurs deux filles. Deux jumelles adorables. Après tout, l'amour dure trois ans non ? Il lui verse un ridicule pension, juste assez pour nourrir les enfants. Un connard. Un manant. Mais ça va aller, car Rebecca sait se débrouiller.

Quarante ans. Elle en a bavé Becca, mais elle sourit et vit pleinement. Elle donne tout son amour à ses trois petits (grands) monstres qui le lui rendent bien. Elle travaille comme elle peut sur ses peintures, passion qu'elle a découvert à trente-deux ans. Elle donne des cours aussi, à des gosses de riche, dans des écoles du quartier, dans des associations. Elle fait un peu de tout parfois, aide ses voisins à faire le ménage ou les courses. Puis le soir, quand elle peut, elle sort en boite avec ses copines, va se faire courtiser dans les cafés, part s'éclater. Parce qu'elle n'a qu'une vie Becca et elle compte bien en profiter.