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Monochrome ✶ Waël

Anonymous
Invité
Mer 22 Jan - 16:06
Invité
Waël Innerhofer
featuring Youssef Sawmah
nom, prénom, surnom : Innerhofer. Bling bling font les écus, les piécettes et les petits papiers verts au cours des âges. Innerhofer = banque. Innerhofer = grande et vielle famille d'immigrés germaniques. Evidance et tautologie dans l'inconscient populaire. Anecdote historique : avant d'être des magnats de la finance, les aïeux de la famille ont fait fortune dans un commerce ... disons moins chic. Celui de la laine. Le centre de production lainière étant à Strasbourg. Force est de constater que l’ascenseur social marchait prodigieusement bien naguère. D'un autre côté, les banquiers sont connus pour tondre la laine sur le dos de leurs clients. La boucle est bouclée. Waël. Pourquoi ? Parce qu'en inconditionnelle de l'opéra, "mummy" s'est réservée le droit de te baptiser ainsi après avoir été subjuguée par un récital du ténor libanais Waël Kfoury un soir à l'Opéra Garnier de Paris.

âge, date et lieu de naissance : A l'instar de tout les enfants Innerhofer, tu as vu le jour dans le fief familial de Strasbourg en Alsace. Par une venteuse après-midi d'Octobre. Période de l'année où les citronniers sur les collines mettent fin à leur production d'acidulés joyaux à la peau d'or et commencent à se délester de leur feuillage émeraude. Le 4 Octobre 1997, pour être tout à fait précis. Homologué pour l'heure encore à 22 automnes. Ca y est, t’y voici. En plein dans le magic twenty two si cher à Taylor Swift.

origines et nationalité(s) : Tu es franchouillard et tu le restes. Un pur produit cent pourcents concentré, sans rien pour diluer ou noyer tes ascendances. Ou presque. Le majestueux arbre généalogique aux racines germaniques a en effet vu l’éclosion d’une excroissance libanaise, il y a une génération de cela. De la fierté ? Pour sûr ! Du chauvinisme ? Plutôt deux fois qu'une ! La France dans la peau et dans le sang.

statut civil et orientation : Un haussement des épaules. Tu aimes ce que "tu vois". Les parfums musqués et les voix suaves. Les fragrances fleuries et les timbres cristallins. Si tes paumes pouvaient avoir la chance de se brûler à des courbes longues, rondes, qui fondent ou des muscles galbés, renflés et proéminents ... peut-être que ton cœur saurait enfin ce qui le fait vibrer. Célibataire. Tu n'as jamais connu les joies de l'amour. Et parti comme c'est, il est guère probable que tu puisses les connaître un jour. Complexé vis-à-vis de ton handicap, tu ne te risques guère à draguer ou à te montrer entreprenant envers un être doté d'une voix enchantant tes oreilles et dégageant une exhalaison ravissant tes narines. De toute manière, ce n'est pas ta nature.

métier, job, études : T'aurais pu avoir le droit à la crème de la crème des établissements éducatifs comme tes frères. Malheureusement, le destin t'a crucifié les ailes avant même que tu n'aies eu le temps de les déployer et prendre ton envol. Couvé et surprotégé par toute la famille, tu as passé ta scolarité dans des écoles spécialisées pour les aveugles et malvoyants. Il t'a fallu pleurer misère pour que tes proches consentent à ce que tu poursuives tes études en suivant à la Sorbonne un cursus en Langues Étrangères Appliquées. Septembre sonna le prélude de ta quatrième année sur les bancs de la FAC.

situation financière : €€€€€€€. Des banquiers qui seraient financièrement aux abois et dans la précarité ... quel comble ironique ! Rien, il n'en est rien. Rien de rien. Tes couches culottes ont été lestées avec un chéquier et une Black Mastercard. Enfin, à ce qui paraît, étant donné que tu n'en as jamais vu la couleur. Au sens propre comme au figuré. Tu as beau être le bébé de la famille, il n'en demeure pas moins que tu es majeur. Pourtant, tu es le seul qui ne dispose pas de compte en banque ou de moyens de paiement personnels. Dès qu'il est question de casquer, les parents ou tes frères s'en chargent pour toi. Tes géniteurs sont guère emballés à l'idée que tu puisses avoir accès et manipuler de l'argent. Ne plaidant pas vraiment en ta faveur, tes frères semblent partager cette opinion. C'est bien connu ; déficience visuelle va de paire avec déficience mentale ... Ahem !

trigger warnings : Rien de bien choquant selon moi. Hormis peut-être l’évocation d'une agression dans le dernier quart de l'histoire ci-après.

Nintendo 64
famille & co

père : Magnat de la finance et banquier possédant à lui seul près de la moitié de l'actuelle région Grand Est. Homme stricte, sévère, obsédé par son image, l'appât du gain et l'avide volonté d'étendre et voir prospérer son empire, avant que sa descendance n'en prenne les commandes. Comme ses aïeux le firent avant lui.
mère : D'origines libanaises. Modeste standardiste dans la succursale marseillaise du mastodonte de la finance française, elle parvint à faire frétiller l'infatué œil de Monsieur Innerhofer. Epris, il fit fi de l'hostilité et des réticences de son père à son encontre pour l'épouser. Femme douce, avenante, attentionnée et tendre. Trainant un sempiternel spleen baudelairien fait de vague à l'âme, nostalgie ainsi qu'une ineffable tristesse. Tombée dans une pratique austère de la religion musulmane au sortir de l'accident de voiture qui coûta la vue à son fils cadet. Dépressive, éteinte et inconsolable depuis ce funeste jour.
frère(s)/soeur(s) : Trois frères aînés. Idris, qui suit à contrecœur les traces de son père pour qu'il ait un successeur, afin que ses autres frères puissent faire ce que bon leur semblent et parviennent à se réaliser entant qu'individu comme ils l'entendent. Véritable leader de la fratrie. Maître dans l'art de contrôler ses émotions et garder son selfcontrol. Tel une éponge il absorbe et garde tout à l'intérieur. Jusqu'à ce qu'il atteigne son point de rupture et que ses cadets soient obligés de le ramasser à la petite cuillère. Jade, le sempiternel optimiste préférant toujours voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vie. Véritable soleil et boute-en-train à la joie de vivre et la bonne humeur communicatives. A beaucoup souffert du désintérêt et des carences affectives paternelles, qui lui a toujours préféré Idris. A embrassé une carrière dans la finance pour tenter de gagner sa fierté. En vain, il commence à vivre enfin pour lui en exerçant dans l'ombre une activité artistique/sportive à haut niveau. Mais dont il ne peut encore hélas vivre exclusivement. Nadim, l'écorché vif, l'incompris, le rebelle et le paria de la famille. Une boule d'amertume cuisant sous les feux de l'injustice et de la colère, depuis que la tragédie s'abattit sur son petit frère. Favori du patriarche, il s'est pourtant frontalement opposé à lui au sortir du lycée en refusant d'aller à la FAC et de marcher dans les traces de ses frères. Ce dernier gela ses comptes en banques et l'ostracisa de la famille, le soir où il fit part de sa volonté de devenir guitariste et de sillonner les routes de France avec sa bande d'amis. Ce soir où il partit sans se retourner et résolut à ne jamais revenir.

parcours scolaire

école fréquentée : Tu as fréquenté le gratin et l'élite des établissements scolaires parisiens privés à destination des aveugles et malvoyants. Le lycée parachevé, tu as été admis à l'Université de la Sorbonne, où tu étudies pour la quatrième année consécutive les Langues Etrangères.  
diplôme(s) : Le collège terminé avec un brevet mention "très bien" en poche, tu as ensuite embrassé un cursus Economique et Sociale au lycée dans le but de faire "plaisir à papa". Baccalauréat poussivement décroché avec une mention "assez bien", tu as par la suite été admis à l'Université de la Sorbonne.
situation actuelle : Tu as amorcé en Septembre dernier ta quatrième année en Langues Étrangères Appliquées sur les rupins bancs de la Sorbonne.
langue(s) parlée(s) : Le Français, bien évidemment. Avec un fort accent strasbourgeois que l'on croit bien souvent germanique. Grâce a ta mère, tu as très tôt su écrire, lire et soutenir une conversation en arabe. A l'instar de mainte petits français, tu as appris l'Anglais en LV1. Quand vint le temps d'opter pour une seconde langue étrangère au collège, tu arrêtas ton choix sur l'allemand que tu parlais déjà couramment grâce au côté paternel de ta lignée. Enfin, tu as fait le choix de t'initier à l'Italien quand sonna le prélude de tes études universitaires.

santé et consommation

cigarettes : T'aimerais bien te qualifier de fumeur occasionnel, mais avec trois ou cinq cigarettes consommer par jour ; force est de constater que tu es un fumeur tout court.
alcool : Cela ne fait que quatre ans que tu bois de l'alcool. De façon très épisodique et occasionnelle. Toutes les fois que tu prends part à des soirées étudiantes ou entre amis. Ce qui arrive quasiment une fois tout les trente-six du mois.
drogues douces : Idem que pour l'alcool. Tu ne dis pas non à un petit joins de temps à autres sitôt que tu te retrouves dans un cadre cool/relax en compagnie de personnes que tu apprécies. Nonobstant, et compte tenu que cela a tendance à te faire bader, tu n'en fais pas une gourmandise.
drogues dures : Tu n'as jamais touché à cela, et pour être tout à fait honnête, tu n'as ni l'envie ni la curiosité pour "teste" et faire l'expérience.

télévision : Entre une à deux heures et demie. Même si en ce que te concerne, tu ne la regardes pas mais l'écoutes.
ordinateur : Deux à trois heures. Les trois quarts de ce temps étant consacrés à des recherches dans les différentes matières que tu étudies. Le dernier est quant à lui dédié à de la sérendipité à l'état pur et de l'égarement sur Google/Youtube.
téléphone portable : Dès qu'il sonne ou que tu reçois un texto/une notif. T'es très loin d'être un phonaddict.
réseaux sociaux : Quinze à trente minutes tout au plus. Tu n'en as pas vraiment l'utilité, même si des versions spéciales sont proposées pour "les gens comme toi".

régime : Tu as longtemps mangé de tout. Seulement depuis quelques années, tu t'astreins à un régime drastique et draconien. Pas de sucre, de sel, de matière grasse, de gluten, de lait d'origine animale, de la viande une fois par semaine ... . Des restrictions que tu couples à une pratique soutenue du sport afin d'être fit et affûté physiquement. Avec le ténu espoir de pouvoir plaire à quelqu'un en dépit de ... ton "petit problème".
maladie(s)/handicap(s) : Cela fait dix-sept ans que tu est aveugle. Ou presque. Dix pourcents d'acuité visuel subsistent et continuent de faire de la résistance.

Voir la nuit s'emballer
psychologie et caractère

Timide
Discret
Transparent
Silencieux
Complexé
Renfermé


o1. Dix-sept ans. Dix-sept ans que les ténèbres t'ont embrassées. A cinq ans, tu as miraculeusement réchappé à un gravissime accident de voiture. Grâce à Dieu tu n'y as rien laissé ... excepté la vue. o2. Aveugle à 90 %, tu ne parviens à distinguer qu'un faible contraste lumineux et des ombres qui dansent, lorsque tu te trouves dans un environnement éblouissant. o3. Sans une rapide greffe de cornée, les dix petits pourcents d'acuité visuel de ton humeur vitrée fonderont comme neige au soleil. Les donneurs n'étant pas légion et les chances de compatibilité proches du néant, tu as fini par te résigner et accepter l'inéluctable. Les médecins te donnent un an et demi avant que ta cécité ne devienne totale dans le meilleur des cas. Dans le pire des scénarios, ce pronostic dégringole à six mois. o4. Le corps finit toujours par compenser. Tes autres sens se sont décuplés. Toucher, ouïe, odorat ... . Tu as dû réapprendre à voir autrement qu'avec les yeux. Rien ne te plaît plus que d'entendre ton frère Nadim pincer les cordes de sa guitare sur le front de mer et pousser avec lui la chansonnette. Une petite chose de la vie qui te met en joie et t'arrache des larmes, lorsque les paroles se meurent et que les derniers accords et arpèges s'envolent vers un ailleurs merveilleux. o5. Tes lèvres n'ont à ce jour jamais eu la chance de se sceller à celle d'un autre être. Elles sont à l'image de ton cœur et de ton corps : vierge. Une caractéristique que tu partages également en partie avec ton frère Nadim, et qui vous vaut d'être gentiment charriés par vos deux autres fragments d'âme. Même s'ils prennent toujours des pincettes avec toi et tendent à t'épargner. Ce qui a le don de t'agacer, toi qui vis au quotidien et aspires à être traité comme tout le monde. o6. Tu rechignes catégoriquement à adopter ce que tu appelles "les accessoires de la panoplie de l'aveugle". Canne blanche, lunettes de soleil, chien guide ... . Ta famille ne manque d'ailleurs jamais une occasion pour te tirer les oreilles et remonter les bretelles à ce sujet. "Sois raisonnable", disent-ils. o7. Petit, tu aurais rêvé être joueur de tennis professionnel. Ce qui n'est guère des plus pratiques dans ton état. Même si à présent de petites balles jaunes spécialisées sont équipées d'un savant système sonore, permettant à tes semblables de jouer. Tant pis. Il y a bien longtemps que tu as fait une croix sur cela et sur tout un tas d'autres choses, gisant depuis au fond du cimetière à passions.
Quentin / Almahatay

âge : 26 ans  Monochrome ✶ Waël 2452327479 région :  Normandie fréquence de connexion : 5/7 J au minimum type de personnage : Inventé crédits : Cosmic Light & Almahatay autre commentaires ? : Z'êtes de toute bioté mes petits frenchies  Monochrome ✶ Waël 2169010431
Anonymous
Invité
Mer 22 Jan - 16:06
Invité
La morsure de la bouche qu'on aime vaut mieux que le baiser d'une autre.


(crédit : Sahrdine)

En substance

Toi, t’es le garçon qui siège dans les cimes et les recoins de l’amphi. Celui qui fait tout pour se faire oublier et qui se faufilerait dans le premier trou de souris s’offrant à lui, s’il en avait la possibilité. Discret, transparent pour ne pas dire fantomatique, tu n’as de cesse d’être désolé. Pour tout et tout le temps. Tu t’excuses d’exister. Taiseux, taciturne et mutique, tu ne contestes le règne du silence que lorsque tu y es contrait et que cela s’avère nécessaire. Bien que tu te gardes de l’exprimer, cela ne signifie pas pour autant que tu ne possèdes pas ta propre opinion ou ton avis sur tel ou tel sujet. Ton fort accent de l'est, résonnant comme une langue étrangère aux oreilles des autochtones parisiens, ne fait qu’amplifier tes complexes au même titre que ce côté renfermé et introverti, déjà intrinsèquement présent en toi. Poli, aimable et amène ; tu es de ceux qui tiennent la porte – ou retiennent celles des ascenseurs - en se contentant de répondre au « merci » par un timoré sourire courtois et un bref contact visuel hasardeux, que tu t’empresses de couper en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Vastement naïf, crédule, influençable, manipulable et ayant foi en l’humanité ; tu ne vois bien souvent que le bon chez autrui et peines à déceler la vilenie. Très imprégné par l’éducation religieuse reçue par ta mère, tu es un homme magnanime accordant très (trop) facilement le pardon et l’absolution aux individus l’ayant blessés. Étudiant studieux, volontaire et assidu, tu passes davantage de temps à la bibliothèque - la pulpe des doigts courant sur les saillies habillant le papier des bouquins - que dans les soirées étudiantes ou les fêtes données pour telle ou telle raison. Doux rêveur, utopiste et idéaliste, tu te complais dans une vision de l’amour très chevaleresque, romantique et empreinte d’un esthétisme moyenâgeux, fait de ménestrels, troubadours, d’élégies et autres sérénades au clair de lune. Sans toutefois sombrer dans le sirupeux, la mièvrerie et la préciosité. Cordon bleu, enchanteur du logis ayant sans cesse mille-et-une attentions : « Tu es bon à marier, mon fils ! », s’émerveille inlassablement ta mère en te voyant œuvrer sans jamais ciller, broncher ou rechigner. Malheureusement tu ne t’avères guère très dégourdi avec la gent féminine. Bafouillages, bégaiements, joues carmel tournant à l’acérola … tu n’es pas vraiment un disciple de Don Juan ou Casanova, rompu à toutes les subtilités de l’art du charme et de la séduction. Rien d’étonnant donc dans le fait que tu demeures vierge à vingt-deux ans.

Tout commence par ...

Un incessant « bip bip » strident suraigu qui bourdonne et vrille tes tympans. La sensation que la guipure de Venise emmitoufle et embaume l’entièreté de ton frêle corps de chérubin. Les petits doigts ankylosés de ta dextre qui blanchissent sous l’étreinte d’un bouquet de fines phalanges.

La chaleur d’un souffle saccadé qui s’affaire et les réchauffer. La douceur de lèvres peinturlurées qui les choient et les maculent de taches carmins. Une voix de mezzo-soprano chevrotante qui susurre et rabâche inexorablement une litanie de Salat Nâfilah. D’aqueuses perles qui se fracassent et désagrégeant sporadiquement sur tes cuticules. Un labile tressaillement de ta jambe droite. La douleur qui immerge de sa léthargie et corrode chaque fibre de ton gisant. Un térébrant gémissement qui fait vrombir tes cordes vocales. Les traits de ton petit faciès gorgé de soleil qui se meuvent en une grimace endolorie. Le voile des paupières qui se lève sur tes petites sphères hyalines.

Les ténèbres dévorantes. L’obscurité ardente. Les griffes lacérantes des abysses. Les crocs acérés des abîmes.

« Maman … ? Où es-tu maman ? C’est déjà la nuit ? », t’enquis-tu de savoir d’une petite voix étouffée, en fixant de tes orbes diaphanes et hagards la lueur criarde de l’applique rivée au plafond tout de blanc vêtu.

Une rétorque qui prend la forme d’un déchirant cri de résipiscence pourfendant le silence. Maman qui déverse entre deux sanglots éperdus un chapelet d’excuses, en apposant son front contre le tien. Se noie dans la fosse des blâmes. Se mutile à grands coups d’autoflagellation et fustigations. Qui prie dans un état de choc « son bébé » de bien vouloir lui pardonner. Ne comprenant ce qui se passe, ta petite tête brune affolée dodeline de tous côtés.

Un quatuor de suaves filets de voix énonce une kyrielle de paroles lénifiantes, visant à calmer et rasséréner maman. Le matelas sur lequel tu reposes s’enfonce sous le poids d’une personne venant s’asseoir sur le rebord. Un médecin aux boucles café dégaine de la poche de sa blouse un stylet lumineux. Une large main rassurante alunit sur le sommet de ton crâne, au moment où le faisceau de lumière de l’instrument encercle l’arête de ton nez.

« Suis la lumière avec les yeux mon grand. », t’enjoint un chaud et amène timbre masculin. Le rai de clarté ondoie lentement tel un pendule et fait la navette de gauche à droite. Incapables de suivre la houle du minuscule halo, tes soucoupes de glace demeurent figées. Absence de réflexe pupillaire. Le praticien pivote en direction du quintette de femmes retenant leur souffle. Gravité et solennité peintes sur le visage, sa tête s’articule mollement de gauche à droite. Un hurlement fouaillant les entrailles. Maman qui pulvérise ses rotules sur le sol. Ses cris horrifiques. Ses pleurs insoutenables. Ses ongles qui scarifient son doux minois à la carnation olivâtre jusqu’au sang. Ses longues mèches de cheveux ébènes qu’elle arrache par poignées. Les affres d’un indicible chagrin. Les suppliques qui s’éloignent. S’atténuent. S’estompent et se taisent. Le silence. Le silence qui tient la main à la noirceur.

Monochrome ✶ Waël Sans_t30

En un battement de cils, le clan au fastueux lignage vit la robe en mousseline azure, drapant depuis des temps immémoriaux ses resplendissants cieux, se mâchurer d’indélébiles souillures fuligineuses. Les vicissitudes et les tribulations n’oublient personne. Pas même les nababs et les nantis. Tout l’or du monde ne suffit pas pour corrompre et contrecarrer les desseins, facéties et caprices du destin. La dynastie que l’on croyait toute puissante et invincible est touchée en son flanc. Ébranlée. Atteinte.

L’un de ses épigones n’est désormais plus qu’un poids mort. Une charge sans la moindre utilité, pour les colossaux intérêts de l’auguste coterie aux insatiables ambitions. Une tête de l’Hydre Innerhofer est tombée ? Qu’importe. D’autres repousseront. Les auspices resteront favorables. Il en faudra plus pour entamer le caractère propice et clément des augures. Accroché à la dernière branche de cet illustre arbre généalogique séculaire, tu es un fruit blet bringuebalé au gré des mystifications de la vie. Les dieux soient loués, il reste, pour l’heure encore, une belle grappe de trois hoirs à même de faire prospérer l’empire au patronyme tenant en respect le monde entier. Nec plus ultra et incarnations dépassant toutes les espérances et les attentes paternelles enorgueillies les plus exigeantes.

Papa … . Papa qui n’aime pas les jérémiades. Papa qui n’aime pas la maladie. Papa qui voue un culte à la conception antique de l’homme. Fort, viril, vigoureux. Papa qui ne jure que par son image. Qui s’échine pour que rien n’écorne sa réputation ou ne ternisse son nom. Et un anaphtolme, ça fait tache dans le paysage lorsque l’on cultive l’obsessionnel souci de balancer à la face du monde, le cliché d’une famille parfaite, à qui tout réussit et que l’on envie. Dysharmonique anomalie au sein d’une fresque composée d’éléments ne souffrant d’aucune imperfection, tu es celui que l’on cache sous le tapis persan et dissimule derrière le paravent en laque japonais.

Lorsque toute la smala revêt ses plus beaux atours et se met sur son trente-et-un, en vue d’un gala de bienfaisance, d’un dîner de charité ou d’une quelconque représentation publique ; toi, tu dois rester dans le confinement de cette architecturale bâtisse aux allures de prison dorée, avec toute une nuée de nurses et gouvernantes en guise de geôliers. Mis au ban de la famille, on prend grand de soin de t’écarter des arcanes du pouvoir et des affaires assurant l’opulence financière de la tribu.

Tes frères ? Certains t'envient de ne plus avoir à fouler ce sentier de la gloire vous étant tout tracé et balisé. D'autres croulent sous les remords et culpabilisent. Convaincus que ce sont eux qui auraient dû se trouver dans la voiture ce jour là. Tout. Ils donneraient tout pour échanger vos places et porter le poids de la malédiction s'étant abattue sur toi. Devenu du jour au lendemain aux yeux de tous une pauvre petite chose, on te couve et protège jusqu’à l’overdose et l’anoxémie. Comme si ton statut de “bébé” et petit dernier n’était déjà pas suffisant … . Tâche pour laquelle tes frères, sans exception, mettent la main à la pâte.

Idris, qui en sa qualité d’aîné fait office de figure d’autorité masculine, pour pallier l’absence de papa retenu constamment pour affaires. Jade le protecteur zélé qui ne te lâche pas d’une semelle et te suit comme ton ombre. Même le fantasque et taciturne Nadim veille précautionneusement sur toi. Perçu par tous comme un corps de verre menaçant de voler en éclats, des kilomètres d’interdits te sont posés. "Fais pas ci" ; "Ne va pas là-bas" ; "Reste ici" ; "Tu vas te faire mal" ... . La liste des choses qui te sont autorisées de faire tient sur un post-it. Tel une fleur mise sous une cloche de verre, tu fanes et flétris à petit feu.

Toi le gamin avide de grands espaces, qui jadis galopait dans les jardins de la propriété familiale en habillant le silence de ton rire céleste. Maman ? Maman n'a plus jamais été la même depuis cette funeste journée de Novembre 2002. Cette femme solaire, rayonnante, pleine de vie et d'entrain que vous avez tant aimé ... . Cette femme est morte le jour où la lumière s'est éteinte sur ton monde. Ectoplasme tombée dans la dévotion, la piété et la religion. Afin d'expier l’irrémissible péché dont elle s'accuse, et qui s'apparente selon ses termes à un infanticide.

Monochrome ✶ Waël Sans_t30

U.C
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