nom, prénom, surnom : gautier. sans le h dont on veut toujours l’affubler, gau pour écourter. d’autres prénoms d’inscrits sur la carte d’identité ; marin, jd. pour jean-daniel ou pour jean-david, il s’en souvient jamais. gosse pour patronyme, comme une jeunesse éternelle d’accordée, damnation ou privilège traîné sur les générations fanées — s’accorde à merveille à la gorge qui se fend dans un rire bruyant, pareil à ceux des enfants.

âge, date de naissance : vingt-et-une années d’envolées, depuis ce treize janvier. cliquetis du briquet sur les bougies usées des anniversaires passés — tours de pise à s’en écrouler, la cire séchée en bout qu’on craque sous la lame d’un trop gros couteau pour c’que c’est.

lieu de naissance : poupon des banlieues parisiennes, l’enfance dans un hlm. toujours l’odeur froide du tabac dans le hall du rez-de-chaussée, les baskets boueuses qui traînent sur le paillasson, à l’entrée. des années d’passées sur les pavés, les phalanges fracassées, avant l’emménagement dans le dix-huitième arrondissement.

origines et nationalité(s) : gosse du territoire français, le myocarde battant des diverses cultures embrassant le quartier. des origines marocaines lointaines, maternelles. quelques mots d’arabe qui roulent sur la langue — parfois maladroits, mieux appris par les voisins qu’la mama.

statut civil et orientation : lèvres accrochées, les jambes balayées des draps entremêlés. le gosse n’a jamais aimé qu’balader la pulpe de ses doigts sur les dos féminins, la crinière qui habille la chute des reins. des amours longuets d’comptés, des mois ou bien une petite paire d’années. dorénavant le célibat comme mantra, il laisse les histoires se tisser, les regards s’attarder, sans rien se jurer.

métier, job, études : les doigts cramponnés, sur l’objectif d’une caméra, une feuille de papier. le gosse cède la scène au talent des éveillés, capture les instants adorés ; les lèvres pincées, le nez froncé. les vieux studios pathé pour cage dorée, première année à la fémis tant adulée. inscrit à la réalisation comme département, derrière le comptoir d’une boutique de vinyles le reste de son temps, il compte les billets pour l’loyer à chaque fin de mois — essaie toujours d’en grailler un d’vingt pour s’commander un chinois.

situation financière : la plèbe, fourmilière grouillant derrière le périph'. les jeans troués, les joints d'roulés. mythe des petits parisiens aveuglés. on ne sait qu'ils existent que sur les écrans tv — maman a bien précisé qu'il ne fallait pas prendre cet arrêt. saint-denis sonne épidémie, la pauvreté pour maladie.