( plage ensoleillé )
ft. eléa

Soleil ardent aujourd’hui dans le sud, vous frôlez la canicule c’est sûr. Tu sais pas comment elle fait Eléa pour rester sur son transat sans plonger une seule fois sa tête dans l’eau. A sa place tu deviendrais fou, ou bien tu n’irais simplement pas à la plage tant c’est de la torture. Et pourtant elle a l’air de vivre la chose plutôt bien la blonde, se passe tranquillement de la crème pour ne pas finir couleur écrevisse, s’occupe avec la lecture quand elle n’a pas les yeux rivés sur son smartphone à parler à Pierre, Paul ou Jacques. Toi par contre, tu t’ennuies. T’es posé à côté d’elle et tu commences à t’agiter. Manies d’un ancien gamin ayant un trop plein d’énergie, ayant besoin de bouger pour ne pas te mettre à tourner en rond comme un lion en cage. T’as beau faire des aller-retour entre ton transat et la mer c’est pas très amusant d’aller tout le temps se baigner en solitaire, puis t’en a marre de bronzer aussi. Non pas que ça soit une activité déplaisante de te voir devenir un peu plus matte chaque jour mais ce n’est pas non plus ton objectif premier. Alors tu soupires, machinalement. Sort ton portable, t’essaie de te distraire mais bon … Au bout d’une dizaine de minutes t’as fait le tour des réseaux sociaux, à partir de maintenant il te reste plus grand-chose à faire alors tu ranges ton iPhone dans ton sac à dos et te redresse, t’assois au bord de ton transat, fait face à Eléa qui doit se demander qu’est ce qui t’arrive, pourquoi tu gigotes autant sur ton siège soudainement. Alors tu lâches enfin sur un ton qui se veut très persuasif :

- Bon, soit tu viens avec moi au bord de l’eau soit j’te jure que je t’y jette de force Elé’.

T’es pas vraiment sérieux quand tu dis ça, tu la jetterais pas en sachant qu’elle a peur de l’eau, qu’elle ne sait pas nager mais t’es tout de même prêt à la trainer de force jusqu’au bord de mer. Car c’est bon, t’as été assez sage et patient, que depuis son arrivé tu ne l’a forcé à rien mais tu commences à vraiment te faire chier. Surtout que vous avez perdu votre ballon hier soir et qu’actuellement y’a personne pour faire une partie de foot de plage, de volley ou quoi que ce soit. À partir de maintenant c’est Eléa ta distraction et même si elle se sent pas trop, qu’elle essaie de remettre ça à plus tard tu te lève, attrape sa main pour l’obliger à se lever. Tu rigoles face à sa mauvaise foi, persiste malgré qu’elle mette tout son poids pour ne pas bouger de son matelas.

- Je te laisse trois secondes pour te lever …. Un… Deux…

Et t’attends pas de dire le numéro trois que déjà, tu la soulève de son transat’ la jette sur ton épaule comme on prendrait un sac à patate. Tu l’entends t’insulter, gesticuler sur ton dos aussi. Tu te prends quelques coups tandis que tu marches jusqu’au bord de mer mais tu t’en fiches. Tu fais quelques pas sur le sable chaud, marche plus vite jusqu’à que tes chevilles soient dans l’eau et enfin tu la fait redescendre tout doucement, un sourire de petit con niché sur les lèvres alors que tu ris face à sa réaction.

- Tu pensais vraiment que j’allais te jeter à l’eau alors que tu sais pas nager ? J’suis pas un batard à ce point hein …

Une longue mèche de ses cheveux couleur de blé que tu replaces derrière son oreille, tu sais pas si elle va te faire la gueule ou bien si elle va être si contente que tu ne lui ai pas fait un coup de pute Eléa. Mais t’as surtout envie de lui prouver qu’elle n’a pas à s’en faire avec toi, t’es pas aussi con que ça. T’es pas prêt à lui faire de la peine ou du mal juste pour satisfaire tes envies.

grains de sable qui s’coincent entre les pieds. rayons de soleil qui sifflent la peau à coup de coup de soleil. heureusement, la gamine elle s’était tartinée le corps de crème afin d’éviter une bronzage trop carmin. blanche par nature, le teint plus basané c’était difficile à avoir. tandis que les brûlent, une facilité incroyable pour les attraper. toutefois, la môme, elle savait les dompter pour faire en sorte qu’elle n’ait pas cette couleur ridicule. et surtout éviter les moqueries de son ami. la gamine, elle s’laisse aller à la lecture. petit roman de l’été très agréable. une plume délectable. il s’agissait d’un bon petit cocktail estivale quasi parfait. d’se poser comme ça, sur une plage naturelle ça f’sait plaisir. c’était quelque chose qu’elle n’avait jamais fait el, en réalité. pas habituée de sortir de ces buildings parisiens. et quand bien même, elle se serait installée à paris plage, les sensations n’auront pas été les mêmes que celles que lui procuraient cette vraie plage. à côté d’elle, enzo. l’gamin hyperactif qui ne parvenait pas à rester sans bouger. eléa, elle en avait presque marre d’le voir s’déplacer constamment. à soulever des grains de sable à chaque fois. à en mettre partout sur sa serviette. mais elle ne dit rien la gamine. parce qu’elle sait qu’elle se fera embarquer à l’eau si elle parle. mais forcément il craque. elle soupire. il la menace. elle sourit. malgré le fait qu’elle sache qu’il en était capable. qu’il pourrait réellement la jeter à l’eau. sans dépasser la limite. celle d’avoir le corps entier dans l’eau et que ses pieds ne parviennent pas à toucher l’fond. il savait très bien son incapacité à nager. encore plus sa peur de l’eau. mais juste par caprice il pouvait la bouger au bord de l’eau. le compte à rebours est lancé. le trois pas prononcé, elle râle.

— t’as oublié l’trois enzo, repose moi de suite au sol. tu sais que j’aime pas ça.

elle était pas bien. loin de son confort qu’elle avait créé. elle commençait à paniquer. entendant la houle des vagues se rapprocher de plus en plus.

— sale con, repose moi immédiatement. enzo, tu sais que j’aime pas, steuplé, j’ai peur. j’vais tuer. vraiment.

voilà, elle hurlait la gamine. le taper. ils s’faisaient remarquer mais il continuait son manège. sale gosse. puis y’a ses pieds qui touchent l’eau. c’est froid. mais pas trop. c’est agréable. mais elle n’aime pas. elle a presque les larmes aux yeux la môme. se retrouver là, elle n’était pas à l’aise.

— je sais enzo, que tu ne l’aurais jamais fait. je... c’est juste que ça m’fait peur. j’veux bien faire un effort. mais j’peux pas aller trop loin.

elle le comprenait aussi. il était là pour elle. attendait que ça, de s’amuser avec la gamine et elle, elle s’était laisser par son bouquin, l’ignorant presque. puis c’était agréable cette différence de chaleur. rafraîchissant un peu son corps.

— tu m’viendras m’sauver si jamais je m’noie ? ou qu’une vague m’emporte ?

elle sait bien qu’oui. mais là, elle a besoin d’être rassurée la gamine avant qu’elle commence réellement à s’détendre. elle souffle. reprend ses esprits et sa main vient cueillir l’eau dans sa paume. hoplé. des gouttes d’eau qui viennent se coller à la peau du jeune homme. éclaboussures qui ne cessent d’apparaître. elle cherchait les emmerdes. mais il l’avait bien titiller aussi. il avait que ce qu’il méritait.

( plage ensoleillé )
ft. eléa

Tu sais qu’elle n’aime pas ça Eléa, tu sais qu’elle craint l’eau plus que tout. Mais t’es con, un p’tit con qui agit parfois égoïstement et qui se met à s’en foutre de ce que pense la jolie blonde perché sur ton épaule. Qu’elle le veuille ou non, tu l’emmènes avec toi dans l’eau. Même si elle ne reste dans l’eau qu’une petite dizaine de minutes ça sera toujours ça. Ta toute petite victoire. Alors tu t’en fiches des insultes, rit quand de ses petits poings elle frappe ton dos, t’es même presque certain qu’elle vient de tenter de te mordre tant elle a peur de finir dans les profondeurs de l’ocean. Tu sais pas si elle se pense dangereuse avec sa force de mouche mais faudrait quand même que tu lui fasses une piqure de rappel sur comment se défendre, les points faibles d’un homme et tout le tralala. Mais pas pour le moment, là ça te va plutôt bien qu’elle ne sache pas se dépatouiller d’entre tes bras.

Ça hurle, ça gesticule et ça attire bien évidemment le regard des badauds sur la plage. Y’a ceux qui sourient car ils savent que ce n’est qu’une petite blague entre deux amis ou un couple et il y a ceux que vous agacez, qui se retrouvent à entendre des hurlements et recevoir du sable sur leur serviette derrière votre passage agité vers le bord de l’eau alors qu’ils n’ont rien demander.

- Ne crie pas comme une hystérique, ils vont finir par appeler la police et à cause de toi je vais finir en garde à vue !

Tu rigoles bien évidemment, mais t’es certains qu’à ce moment-là de votre avancé vers l’eau, maintenant qu’elle doit voir les vagues s’écraser contre tes jambes et entendre le doux bruit des remues de la mer elle doit paniquer, serait bien contente si on t’arrêtait et te jetait même en prison. Tu décides alors de la poser au sol, tout doucement par peur qu’elle finisse hydrocuté si elle est plongé trop soudainement dans l’eau – tu sais pas trop comment ça marche cette merde alors tu te fais méticuleux histoire qu’elle ne te claque pas dans les pattes bêtement – et tu vois très rapidement son visage se faire moins serré, son corps se décontracter bien qu’elle ait toujours ces vilains plis sur son front à cause de l’inquiétude, ses yeux brillants de larmes qui auraient presque pu couler si tu ne t’étais pas arrêté à temps.

- J’te demande pas d’aller loin, juste d’être là Eléa. Détend toi promis j’te fais pas de coup de batard et détend-moi ce front s’teuplait, on dirait tu veux capter la wifi là.

Tu te rapproches de deux pas vers elle, vient à l’aide de ton pouce tenter de dérider ce front trop plisser à ton gout. Tu frottes, frottes pas assez fort pour lui faire mal mais pile ce qu’il faut pour l’embêter avant de te mettre à rigoler car tu sens bien que tu l’as grave agacé là, tu recules. Regarde la poupée un instant, le reflet de l’eau flattant ses courbes, ses longs cheveux tombant sur sa poitrine. Un joli tableau. Rien que pour toi aujourd’hui. T’es un privilégié de la voir dans l’eau et surtout sans qu’elle ne s’échappe. T’es un chanceux, tu le sais et peut-être que t’en profite un peu.

- Pour toi je taperais les vagues, je séparerais la mer en deux. J’ferais comme Jack dans Titanic, j’te donnerais une porte toute entière pour que tu sois hors de l’eau, j’peux pas faire plus ami fidèle que ça. Toi par contre tu ferais pas tout ça pour moi, j’suis sur tu me dirais bye bye de loin si une vague m’emporte !

Tu te moque bien évidemment, malheureusement t’es pas encore devenu Poséidon ou Jesus pour faire de telle prouesse avec la mer. Mais t’as envie qu’elle se décontracte, t’as envie de la faire sourire juste pour qu’elle dédramatise le fait qu’elle soit dans l’eau. Et peut-être que ça marche un peu, tu la vois plonger sa main dans l’eau, bêtement tu suis le mouvement de sa main, regarde l’eau translucide au creux de sa petite paume. Tu ne penses pas une seule seconde que cette eau va venir t’éclabousser et pourtant c’est ce qui arrive, une fois, puis deux et trois. La fraicheur des gouttes d’eau qui te fait contracter les abdos instinctivement. Elle s’arrête plus Eléa et tu mets les mains devant toi tout en avançant vers elle pour contrer son attaque, t’es complètement mouillé lorsque tu viens passer tes bras autour de ses épaules, la plaque contre toi histoire de partager avec elle la sensation de passer sec à mouiller en une seconde.

- Alors on fait moins la maligne maintenant hein ? Qu’est ce que je vais faire de toi … ? Même dans l’endroit ou t’es la moins à l’aise tu t’en prends aux plus forts que toi …

Quelques secondes durant lesquels tu bouges nonchalamment ta tête de gauche à droite, tu la laisse croire que tu cherches un plan démoniaque mais finalement, tu viens simplement déposer un baiser au sommet de son crâne et la lâche pour te jeter dans l’eau. Tu ressors tout juste après la tête de l’eau et secoue ta tête pour enlever les petites goutes qui tombent de tes cheveux.

- T’aimerais pas apprendre à nager Elé' ? Tu te sentirais pas un peu plus en sécurité dans l’eau en sachant le faire ?  

c’était pas une bonne sensation. que d’se faire emmener de force dans l’eau. surtout quand on aime pas ça. quand on a peur. et qu’on n’sait pas nager. alors elle hurle la gamine. espérant qu’on vienne la sauver. mais son seul prince charmant était également celui qui la mener à l’eau. elle était foutue. capitulant. elle manquait d’force t’façon pour résister. elle s’retrouve vite les pieds dans l’eau. l’air contrarié. la mine boudeuse. elle était si paisible elle, là-bas, sur le sable. les pieds sur terre comme elle dirait. avec son bouquin dans les mains. mais il en avait fait qu’à sa tête le sale gosse. inconsciemment elle espérait qu’il s’casse une jambe avant d’arriver à l’eau. mais y’a les vagues qui lui frappent déjà les chevilles. c’était foutu. prise au piège. morveux. il l’avait lâché. l’eau était agréable. c’était vrai. fraîche comme il fallait. mais elle ne se sentait pas à l’aise. à chaque vague qui venait se briser contre ses jambes elle avait peur qu’il y ait un monstre marin qui surgisse. c’était con, elle le savait. surtout qu’il y avait tellement de gens qui s’baignaient. mais elle n’pouvait s’empêcher de penser à tout ce qu’il y avait dans cette eau. un mystère qui lui faisait peur. il tente de la calmer en faisant des blagues mais l’soucis c’est qu’el, elle est trop concentrée à ne pas paniquer pour qu’on front il se déplie. puis c’était d’sa faute après tout. et pourtant, il y parvient. à enlever les rides de son front. pas avec son doigt. mais avec les mots. elle sait qu’il ne lui arrivera rien en sa présence. elle en est persuadée. elle se convainc de cette idée en dépit de la blague véridique qu’il fait à la fin. elle sourit. parce que sans doute elle a raison.

— après t’sais qu’on aime une personne on est prêt à tout pour la sauver, j’parviendrais peut-être à refouler ma peur pour toi, enzo.

des mots dit sincèrement. sans s’en rendre compte. t’façon elle avait du mal à réfléchir là. alors elle préfère tenter de s’vider les esprits en vidant l’eau autour d’elle pour la mettre sur le corps d’enzo. une peau sèche qu’il fallait hydrater de sel. elle rigole. et ça lui fait du bien, d’savoir qu’elle peut rire même ici. elle pensait qu’il allait riposter. qu’il lui en mettrait plein la figure. mais il s’approche juste. il la prend dans ses bras. ok. pas d’panique. mais y’a l’palpitant qui s’excite. elle comprend pas c’qui lui prend. à être aussi proche. à la prendre dans ses bras. et elle ne comprend pas non plus, pourquoi elle s’met dans tous ses états la petite. mais elle s’laisse aller. elle s’sent bien.

— c’est parce que j’sais que tu seras là pour m’sauver malgré tout. puis qui t’a dit que tu étais plus fort que moi, toi. tu sais j’ai grandi avec quatre morveux et un grand frère en plus.

mais face à lui, c’était une guimauve. or ça, elle se garderait bien de lui avouer. puis il la lâche et plonge. elle aimerait bien faire comme lui, ne pas imaginer toutes ses bêtes qui vivent dans l’eau et d’savoir nager.

— j’pense ça m’aiderait. mais l’soucis c’est que j’aime pas ne pas avoir les pieds qui touchent le sol. même si j’apprend à nager, je nagerais pas car j’ai besoin de ressentir le sable. après pourquoi pas. à la piscine ça pourrait servir.

parce que mine de rien, ça faisait naze face aux petits qui parcouraient la piscine de fond en comble tandis qu’elle, elle restait toujours au même endroit.

( plage ensoleillé )
ft. eléa

Toi tu rigoles d’elle et de sa peur et elle, elle te fait une déclaration qui te laisse pantois entre deux échos de vagues qui s’écrasent contre vos jambes. Douce Eléa qui te dit qu’elle serait surement prêtre à battre sa plus grande phobie si c’est pour te sauver de la noyade. Et tu sais qu’elle est sincère quand elle prononce ces palabres la gamine. Tu le sais car ça a toujours été ainsi entre vous, toujours prêt à tout pour sortir l’autre de galère. Et puis tu sais qu’elle t’aime Eléa, elle t’aime assez pour te supporter depuis tant d’années, t’aimes assez pour s’être laissé tenter de te rejoindre dans le sud de la France à la dernière minute. Tu sais que tu peux avoir confiance en elle et c’est pour ces même raisons qu’avec elle t’est un autre homme. Devant elle, t’es un jeune homme qui n’a pas de mal à montrer ses sentiments, bon comme mauvais. Un garçon qui n’a pas de mal à montrer à une fille qu’il tient à elle plus que de raison. Un garçon qui tiens tellement à sa meilleure amie que ça te fait de la peine de la savoir si mal à l’aise en pleine mer, et même si tu te perds parfois quelques secondes à te dire qu’il n’y a qu’en sautant à l’eau qu’on en vient à vaincre ses peurs, que t’es certains qu’il n’y a que comme ça qu’elle se rendrait compte qu’il n’y a rien de dramatique en mer, t’as jamais eu le cœur à lui faire un coup pareil. Pas à elle, en tout cas.

- Pour qu’on se noie tous les deux ? Non, franchement laisse-moi mourir en solo, essaie d’alerter un maitre-nageur à la limite mais te met pas en danger pour moi … Ça serait con, faut que tu restes en vie pour raconter mon histoire !

Un peu comme Rose raconte celle de Jack dans Titanic, à croire que t’as uniquement vu ce film-là dans le genre romantique pour que cette référence te revienne si souvent en tête. Et c’est surement le cas, tu l’as surement vu une fois ou deux avec Eléa pour satisfaire un de ces caprices de fifille car toi t’es plutôt du genre film d’action les fast and furious que t’as vu et revu ainsi que la trilogie des Rocky. C’est ce genre de film qu’ont bercé toute ton enfance et ton adolescence. Des films ou ça bouge, des films qui envoient du lourd en scène de bagarre. Le genre de film qui n’intéresse clairement pas les femmes. Et de l’action t’en a sous les yeux, la diablesse face à toi qui t’éclabousse un sourire mesquin sur les lippes. Petite poupée que tu laisses faire jusqu’à que t’en ai marre, pour qu’elle comprenne sa douleur tu trouves comme unique moyen de l’attirer contre toi, venir partager la fraicheur de l’eau en collant vos corps. Bizarrement, elle se plaint pas la diablesse, elle se laisse tirer et ne bouge pas d’entre tes bras, vient juste marmonner qu’elle est certaine d’être plus forte que toi. Tout ça car elle a un frère, qu’elle a grandi autour de toi, Narcisse et Jawad.

- Ouais mais j’reste le plus fort d’entre eux, t’es peut être plus forte qu’eux mais pas plus forte que moi ‘léa avoue ?

Réaction puéril et enfantine, un vrai gamin qui parle soudainement, le regard bien rivé dans les prunelles de la jolie blonde face à toi. Comme un gosse tu laisses comprendre que t’es le plus fort de tous. Plus fort que tes deux autres meilleurs amis, plus fort que son propre frère Louis qui a le même âge que toi à quelques mois près, Louis que t’as pas vue depuis un baille d’ailleurs. Depuis qu’il a décidé de faire sa vie au Canada. Louis l’abandonneur, que tu penses au plus profond de toi. Car il a laissé derrière lui sa petite sœur et sa mère. Mais tu l’as jamais balancé à Eléa ce surnom, t’as pas envie de créer une dispute, pas envie de la blesser si bêtement. Tu préfères alors piquer une tête plutôt que de dire des bêtises qui te brûle les lèvres, ça te rafraîchit bien les idées ça et tu remarques ta meilleure amie toujours au même endroit lorsque tu reviens à la surface, Eléa qui n’a pas bougé d’un centimètre comme si elle portait des boulets à ses chevilles, t’en viens à lui demander si elle n’aimerait pas apprendre à nager. Car t’es prêt à le lui apprendre si elle le souhaite.

- Mais si je te tiens tu me fais assez confiance pour t’apprendre ? Si on te met des brassards même ? J’te jure j’fais attention à toi comme si t’étais une petite, ma petite fille …

Dernières palabres lâché sourire en coin, les sourcils qui se haussent successivement, très rapidement. C’est salace, du toi tout craché de lâcher un truc pareil. Enzo le sugar daddy, sans fortune, sans avoir l’âge requis pour faire partie de ce club très élitiste de vieil homme riche qui sort avec des femmes plus jeune. La réaction d’Eléa qui t’arrache d’ailleurs un éclat de rire, à ton tour de lui balancer de l’eau dessus.

- Bah ? T’aimes pas ce surnom ? A moins que t’en ai déjà un de sugar daddy ? Enfin sugar daddy ou peut-être même un pouilleux, un mec qui traîne à Barbès ?

Tu roules des yeux, soudainement t’en viens à être curieux sur ses relations « amoureuses » après tout, la dernière fois tu l’as bien croisé sur Tinder donc peut-être qu’elle te cache quelque chose Eléa. Peut-être que ça lui pend au nez de t’avouer qu’elle a trouvé l’ame sœur sur une application nulle comme l’est Tinder.  

l’eau ça la rendait vulnérable la gamine. elle perdait pieds. mais pas que. ses esprits vacillaient. à dire des trucs trop sincères. à dire des trucs trop mim’s à son ami. alors qu’il ne les méritait pas. mis à l’eau par ce mioche, il ne devrait pas avoir la possibilité d’écouter ces beaux mots. mais el, elle n’pouvait s’empêcher d’dire des belles choses, parce qu’malgré qu’son corps soit dans l’eau par sa faute, il la rassurait et étrangement, elle se sentait en sécurité. il s’moque d’elle. le vilain. elle soupire. exaspéré par l’enfant qu’il est.

— monsieur castelli mort noyé dans une eau calme. y’a rien d’fou là-dedans. mais soit, j’te laisserais crever seul.

petit sourire en coin. presque machiavélique. elle rigolait. suivant l’file de la conversation. une conversation ironique. rien d’sérieux dans tout ça. el, elle savait très bien, qu’son meilleur ami il aurait une plus belle histoire. l’gamin il avait trop d’trucs à vivre pour s’permettre d’se noyer dans l’eau là maintenant. quand bien même, elle lui rappelle qu’elle est plus forte qu’lui. qu’on frère et que les autres idiots absents des vacances. mais l’gamin, il aime pas qu’on lui dise pas c’qu’il veut entendre. caprice d’enfant à vouloir mieux que les autres. elle sourit el, d’vant les paroles de son ami qui résonne de manière trop enfantine.

— si tu veux castelli.

elle capitule. certainement parce qu’il avait quand même un peu raison. petite étreinte agréable avant qu’il ne file à l’eau. la môme, elle n’a pas bougé. restée clouée au même endroit. rien d’original. mais dans l’eau elle n’ose pas prendre d’initiative. elle a peur quasi elle fait un mouvement, toute l’eau se mette contre elle. limite, elle s’imagine qu’elle peut créer un tsunami. c’est ridicule. elle l’sait. mais elle peut pas s’en empêcher d’penser ça. il le remarque qu’elle n’a pas bougé. il lui propose d’apprendre à nager. elle n’est pas contre l’idée la gamine. c’qui est déjà un grand pas. mais elle a besoin qu’on la pousse. qu’on lui dise comment faire. qu’on la guide. elle grimace à l’entente du surnom. super. la petite fille. plus friendzoner, tu meurs. mais elle s’retient d’lui dire. elle s’contente de lui tirer la langue avant d’répondre.

— hors d’question que j’mette des brassards, c’est pour les enfants.

elle croise les bras comme une enfant qui boude. et c’est c’qu’elle fait. elle boude. le minois sans sourire et l’regard qui est froissé. et les pupilles qui tournent à l’écouter. un sugar dandy à paris. elle rigole. toujours plus c’lui là. il n’fait pas dans la demi-mesure.

— mmh, s’tu veux parler de p’tit gars que j’côtoie et beh j’te dirais rien.

elle voulait jouer. s’amuser d’la situation comme il avait fait au début des vacances avec ces deux petits meufs. chiara et rose. à part gautier qu’elle pouvait croiser y’avait pas d’autres garçons. en fait, elle s’intéresse pas trop à eux. elle avait déjà c’qu’il lui fallait, elle n’voulait pas s’encombrer avec plus de testostérone. quant à gautier, il n’était qu’un simple ami. attirant soit-il, ils s’voyaient davantage comme des potes de galère qu’un potentiel crush. certes, elle s’était inscrite sur tinder. mais c’était pour s’amuser. les notifs elle les ignorait. et quand elle s’laissait aller à la découverte des p’tits mecs dans l’coin bah y’en avait pas vraiment qui l’intéressaient. ouais elle était compliqué el. et exigeantes surtout.

— pourquoi t’veux savoir castelli ? j’te réponds seulement si tu m’dis si t’as couché avec chiara ou rose ?

retour à la case départ. elle voulait savoir la gamine, c’était plus fort qu’elle.

( plage ensoleillé )
ft. eléa

Y’a pas de « si tu veux » qui tienne, tu le sais. T’es plus fort. T’es plus costaud, t’es plus grand aussi. T’es celui qui peut au mieux la protéger. Elle ne veut pas l’avouer franchement ‘léa ? Pas grave t’es assez confiant pour le penser pour vous deux. Tu sais toute façon qu’elle joue les meufs qui répond ça pour te faire plaisir juste pour la façade, pour que tu lui lâches rapidement la grappe. Faut toujours qu’elle fasse les choses pour te faire chier cette nana – un peu comme toi avec elle – mais tu lui ne donneras pas satisfaction. T’essaie pas de lui arracher les mots de la bouche cette fois, non tu te contentes juste de mettre fin à cette étreinte amicale à laquelle t’avais donné naissance et plonge loin d’elle. Tant pis pour le moment adorable de la journée. Rafraichis-toi bien les idées Enzo, ça t’apprendra à vouloir être mignon de temps en temps avec elle, elle te le rend en insinuant que t’es pas son sauveur en quelque sorte. Audacieuse la gamine en sachant qu’un nombre incalculable de fois t’as été là pour elle, que t’en a frappé des connards qui voulait l’emmerder. Mais bref, les femmes sont des êtres bien étrange, t’as pas encore tout saisi à leur fonctionnement.

Eau couleur lagon, fraicheur qui fait un bien fou. Et Eléa qui est là, statique comme si elle était entourée par les requins. T’essaie de trouver des solutions pour la débloquer de ce pétrin dans lequel elle s’embourbe depuis l’enfance, ce bourbier qui Est-ce que t’es étonné d’entendre Eléa s’insurger lorsque tu lui proposes de mettre des brassards pour apprendre à nager ? Absolument pas. Pourtant y’a pas de quoi, enfin… Bon ok, c’est clairement ridicule à son grand âge mais d’un côté il ne faut pas penser à la sécurité avant tout ? Ce n’est pas ça être un ami fidèle ? Penser à ce genre de chose plutôt qu’à être stylé ?

- Une bouée alors ? Regarde c’est grave à la mode les flamants rose come les meufs sur insta que vous aimez trop là vous les filles. Puis y’a les bouées en forme de donut’s aussi … Tu serais pas mal avec ça sur les hanches j’suis sûr !

D’un geste de main tu lui montres les environs et effectivement, tout autour de vous des dizaines de filles et de gars dérivent sur des bouées allant de l’ananas à ce qui s’apparente être une bouée en forme de bouteille de rosé. Ah oui, toujours plus loin le délire. Même toi t’en reste étonné. Mais ça te donne raison au moins. Les bouées c’est à la mode et elle passerait crème si elle a si peur de mourir dans les fonds marins.

- C’est quoi la différence entre une bouée ou des brassards toute façon ? C’est le même principe, peut-être t’aurais lancé une mode en plus hein… Mais ça va, comme tu veux si tu pref' rester comme ça dans l’eau sans bouger car les brassards c’est pour les bébés et moi t’as pas l’air de vouloir que je t’aide car t’as déjà ton « daddy » sur Paris sache que peut-être le danger viendra pas de l’eau mais de l’air, une mouette qui t’attrapera au vol…

T’hausse les épaules l’air de rien. Bon ok, on a connu mieux comme façon d’encourager quelqu’un mais t’es pas très doué Enzo. Puis maintenant t’es carrément intrigué par « les p’tits gars » qu’elle fréquente et dont elle ne veut pas te parler. Depuis quand y’a des secrets entre vous ? Tu la fixe, un sourcil arqué dans l’attente, comme si ton simple regard inquisiteur allait la faire parler. Elle en vient à te demander pourquoi tu veux savoir. Faut vraiment une raison à ça ? Puis en plus faudrait tu lui dises avec qui t’as couché ? Des fois tu te demandes elle a quoi dans la tête Eléa.

- C’est quoi ce chantage à deux balles ? Maintenant faut faire des échanges d’informations pour savoir ce qu’il se passe dans la vie de chacun ? Il doit être vraiment moche le mec que tu vois si t’as si peur que j’le sache…

Palabre amer, ça te ressemble pas ce ton mais elle t’énerve, t’agace à pas cracher le morceau si elle voit quelqu’un. Tu bouges la tête nonchalamment, comme si cette conversation était complètement délurés et puéril. Quelques secondes qui filent dans le silence. T’as pas envie de répondre, ça la regarde pas ce que tu fais avec x ou y. Sa curiosité à la con que tu ne peux même pas lui reprocher car t’es finalement pareil qu’elle, que cette conversation elle a débuté par toi et tes questions à la con. Tu regardes ailleurs, glisse tes doigts dans tes cheveux mouillés pour les tirer vers l’arrière et lâche finalement pour capter son attention :

- J’ai couché avec Rose, on a trop bu et j’ai déconné. Franchement j’suis pas fier d’avoir couché avec une amie, ça devient trop vite bourbier ce genre de délire.

Tu soupires, pas fier de devoir avoué à Eléa que t’as couché avec la jolie barmaid. T’aimes pas lui avouer ce genre de truc depuis toujours, comme si ça te gênait qu’elle sache ce genre de truc de toi.

- Mais j’ai rien fait avec Chiara on a passé une soirée à jouer au billard et discuter mais c’est tout. Tu crois pas j’vais me taper le camping entier quand même ?

Tout est avoué, elle sait tout. Tes pieds que t’enfonce dans le sable, les yeux rivés sur tes propres gestes jusqu’à que tu relèves la tête, tu te mets à la fixer à la jolie poupée, encore quelques secondes passé dans le silence et tu lui demandes finalement car t’es trop curieux, ça te pique trop de pas savoir :

- Et toi alors, tu me cache quoi Eléa ?