(crédit : shitedits ; iconsboysly -tumblr-)
Tu voudrais oublier tes nuits d'insomnie,
cacophonie.

Tu voudrais à jamais effacer tes souvenirs, couteau dans le coeur que l'on remue, plaie béante qui te tue.

papa n'est plus là, papa est parti, papa...
Bruit troublé, larmes noyées.
Papa n'est plus là, et avant ça, tu avais quoi ?

Le monde t'échappe, il coule entre tes doigts, tu voudrais oublier tout ce qui te fait souffrir et tu n'as jamais demandé à naître, si c'est pour t'abandonner alors pourquoi est-ce qu'on t'a fait ?
Tes veines qui coulent sur tes bras, mettre des mots sur tes souffrances, souffrir pour de vrai -et la peine de ton coeur est celle que tu graves sur ta peau.

Tu ne comprends pas.

Papa parfois, il rigolait et ce rire hante tes nuits.
Papa parfois, il t'engueuler et ses cris te font frissonner.
Papa, papa, papa...
C'est ton monde qui est parti, c'est ton ancre qui s'en est allée, c'est ton attache qui a cédé et tu t'es envolé.

Tu ne devrais pas faire ça, tu sais, quand j'avais ton âge...
Disque rayé, il répétait des choses que tu ne pouvais pas comprendre.
Papa n'avait jamais été jeune, papa n'avait jamais fait d'erreur.
Un papa, ça ne ploie pas.

Tu tais les souvenirs heureux, tu tais le passé -c'est à toi et personne ne peut l'avoir.
Tu tais les rires, la malice, les jeux complices, tu tais tout ce qui fait battre ton coeur, tu cesses de respirer -et si tu mourrais aussi ?
Tu as le feu aux poings, la rage au ventre.
Tu cries dans la nuit, celle qui ne répond jamais -elle est bien trop occupée.

Bombe qui explose, tu es un danger mais personne ne le voit, tu ne le sais pas non plus.
Tu ne te connais pas, tu ne cherches pas, tu n'as plus personne pour te dire qui tu es, qui tu étais, qui tu devrais être -tu ne sais plus, tu es perdu et tu tournes en rond encore et encore, poisson dans son bocal.

Il est facile de blâmer l'adolescence et tu fais l'éloge de tes pensées idiotes ; un avion, comme maman que tu disais, et te voilà.
Là.
Quelque part.

Courroux porte un nom, celui que papa disait souvent -mais ton nom, à toi, il ne le connait pas. Tu n'es rien ni personne pour lui, un pauvre enfant peut-être, un inconnu dont le sang coule dans les veines -son sang aussi. Ton courroux avait un nom, kyllien et tu le vomissais de toute ton âme -mais toi, tu n'étais personne et ton monde s'était encore une fois écroulé.

Erreurs effacées, jamais oubliées.

Tu écrivais de nouveaux chapitres tachés de ta haine, tu déchirais les pages la nuit et recommençais le jour, tu écrivais une histoire sans but, sans sens, tu faisais sans comprendre, tu faisais parce que tu croyais que ça t'aiderait mais ta colère ne t'a jamais sauvé.
chute aux enfers, peut-être maman aurait du t'appeler Dante.
Ironie,
iro,
i...

Et les mots te manquent pour comprendre, pour décrire, pour dire, c'est sa ton problème. Tu ne sais pas parler, c'est comme si tu avais oublié. C'est papa qui te faisait exploser, c'est papa qui mettait des noms sur ce que tu ressentais, c'est papa qui faisait ce travail, c'est papa qui était la clef, il te disait tout, et tu faisais, tu comprenais. mais aujourd'hui, tu es seul, tu es perdu, tu es avec lui mais tu ne sais pas qui c'est, vraiment, et les mots sont coincés dans ta gorge. Rien ne sort, jamais, et tes poings sur les murs et tes lames dans la peau, et tes insultes, et tes doigts dans les filles, et l'alcool dans les fêtes, et la cigarette dans la bouche, c'est comme ça que tu parles, c'est comme ça que tu envoies tes signaux mais personne ne comprendre, personne ne s'étonne -c'est ça les jeunes maintenant et ta détresse est là et tu t'étouffes, tu te noies, tu te perds, les bois sont sombres et c'est ton esprit qui tangue encore et encore sans jamais s'arrêter et tu vacilles, pauvre âme en perdition, que peux-tu fais pour te sauver, tu t'es brûlé les ailes.
Échec.


Tu as explosé en plein vol, ce n'était pas beau à voir.
T'étais moche quand tu pleurais.
T'étais moche quand tu hurlais.
T'étais moche quand tu avouais.
Les erreurs, le passé, l'errance de ton âme.
Tout était moche, toi, eux, le monde et les mots.
Maux.

Tu n'avais pas de but, pas de rêve ou peut-être avais-tu tout brisé sans y penser.
Tu n'avais rien, c'est ce que tu croyais.
Mais papa t'a ouvert les bras encore une fois, une dernière fois, comme s'il te montrait le chemin une dernière fois -rien qu'une fois.
Papa disait souvent, tu seras grand et ça te faisait rire.
Tu voulais être un géant et tu n'avais même pas de passion.

Les pieds dans Paris, c'est comme si papa était avec toi. Le sang qui bouillonne, c'était comme retourner à la maison.
Tu avais un jour montré tes émotions, timidement.
Tu avais dit ce qui te plaisait -la cuisine, juste ça, tes doigts sur les lames plutôt que les lames sur ta chair, tu avais osé, tu avais parlé.
Tu avais raconté des choses, comme ça, tu as fait miroiter un avenir, une envie, un désir, des choses que tu ne montrais jamais et voilà que ça avait payé.
Les pieds dans Paris, quelle folie.

Papa avait raison, il faut parler.