de l'eau naît (lol) /c'est pas que t'arrives pas à les comprendre, les parents delaunay, c'est que t'as juste pas envie. la putain de flemme de te foutre à leur place, de tenter de voir le monde avec leurs yeux et leurs putains d’œillères. tu peux pas. tu peux plus. tu veux plus. le nombre de fois où t'as fixé ton paternel, fourchette à deux centimètres à peine de ta bouche, à deux doigts de pouvoir bouffer les lasagnes qui te font saliver depuis qu'elles ont été posées devant ta gueule, bloqué dans une position d'incrédulité, sourcil arqué et ventre qui gargouille. ils pigent rien. ils sont coincés à l'époque des couches culottes en peau de bête et des peintures dans les grottes, tes vieux.
t'en as jamais rien dit, pourtant.
tu laissais couler même si t'en pensais pas moins.
mais bordel, ce que t'as été heureux de découvrir que t'étais pan.
parce que ya ceux qui flippent de se voir foutre à la porte pour leur sexualité, ceux qui savent que leurs parents seront là pour eux. ya aussi ceux qui ne savent pas à quoi s'attendre. et puis ya toi, toi qui t'en bat les couilles. toi qui sait pertinemment qu'ils n'accepteront pas mais qu'il n'oseront jamais te foutre dehors non plus. toi qui va choquer ton père avec un plaisir non dissimulé et qui ne va pas le faire qu'à moitié.
tout pour qu'il réagisse.
tout pour choquer son pauvre p'tit coeur de connard.
alors du haut de tes quinze années, t'as ramené un mec à la maison et tu l'as sauté dans ta piaule. bruyamment. t'as lancé à tes parents qu'il était là pour que vous fassiez vos devoirs mais toi, t'as fais le tiens en t'occupant d'son cul alors qu'il le réclamait. bon samaritain. putain de généreux. pis tu lui as roulé une galoche quand il est parti, histoire d'être bien clair, histoire d'être sûr.
ton père t'a entendu.
il ne t'a plus jamais regardé de la même manière.
et toi, t'en as jamais parlé.
après tout c'est pas un big deal
les hétéros font pas leur coming out
alors pourquoi tu ferais le tiens ?
c'est pas la même avec ta soeur. elle est celle que tu respectes, celle que tu chéris. c'est depuis qu'elle est née que tu la colles, que tu cherches à faire bouclier pour la protéger de tout les maux de la terre. t'as été étouffant parfois, toi et tes peurs irrationnelles, toi qui sait ce qu'il se passe dans la tête d'un mec à la puberté. mais t'as toujours respecté ses limites. t'as toujours été cette oreille attentive à laquelle elle pouvait se confier, l'épaule sur laquelle pleurer. tu ferais tout pour ta petite soeur. le monde, tu le cramerais.
les gosses delaunay contre le reste du monde.
i'll be there for youuuuuu /la transition est pas toujours simple quand tu te ramènes d'une ville à l'autre, surtout quand il s'agit de villes aussi différentes que lyon et paris. ça t'a pris un sacré temps d'adaptation quand ta famille a dû emménager sur la capitale. c'est la faute à ta mère, ça. elle est complètement obsédée par les produits stanhome. elle a même fini par quitter son boulot pour entrer là dedans. ça te rend dingue, toi - qu'elle joue sur les sentiments de ses amies pour qu'elles lui achètent des trucs, qu'elle cherche à recruter des pauvres meufs qui gagneront jamais rien en se lançant là dedans alors qu'elle pourra gagner un pourcentage de leurs ventes. putain de
pyramid scheme de merde qui te sort par les trous de nez mais dont elle est tellement passionnée. c'est pas censé être illégal ces machins ?
mais les rencontres que t'as fait au lycée t'ont bien aidé. t'as débarqué et ça à cliqué direct avec enzo. grâce à lui, t'as fait la connaissance d'éléa ensuite - petit bout de femme que tu adores... et de narcisse. ça a pas été simple au début avec lui. faut dire que tu pouvais sentir sa jalousie à des kilomètres. t'es pas rentré dans son jeu, pourtant. t'en avais pas vraiment grand chose à foutre.
si on t'aime, tant mieux.
si on t'aime pas, tant pis.
t'allais pas en faire tout un plat.
ça a fini par s'arranger et tu préfères cette dynamique là sans hésiter. tu peux enfin apprécier le temps passé avec narcisse autant qu'avec les autres et ça a viré un bon poids de tes épaules.
à la vie, à la mort.
c'est comme ça avec toi.
t'es terriblement protecteur envers eux, sans doute pour te rattraper des fois où ta merde a coulé un peu sur eux, quand tu t'es foutu dans des emmerdes pas possibles qu'ils ont dû vivre aussi. ya que toi qu'a le droit de leur pourrir la vie. clair ?
fifty shades of OH MY GOD SHUT UP /ya tes bouquins dans les librairies, dans les
putains de grandes surfaces. t'as failli t'étouffer la première fois que t'as reconnu la couverture du premier - les corps à moitié nus de trois personnes enlacées, éclairés par une lumière violette.
vapor, ta première oeuvre au nom - et à l'histoire - particulièrement discutables te faisait face. ben merde alors. tu pensais que certains endroits spécialisés le vendraient. mais non.
ton bouquin est mainstream, dude.
c'est le nouveau fifty shades of shit.
garder ton identité secrète n'est plus aussi simple qu'avant depuis. t'as fini par créer une conspiration sur la véritable identité d'électra lamoureux, pseudonyme tellement quitch qu'il ne pourrait pas appartenir à une véritable personne. tout le monde sait qu'il s'agit d'un nom de plume, chacun à sa théorie.
et toi ?
tu te planques et t'espères ne jamais être découvert.
les prix, si t'en gagne ? t'en pis, tu n'iras pas. signer des copies ? c'est ton éditeur qui t'en envoie régulièrement pour que tu le fasses en scred. tu te démerdes comme tu peux pour rester bien caché, pour pas avoir à assumer. parce que merde... ce que prendrait ta virilité.
il arrête pas de le répéter, ton éditeur. si t'es publié, si tes bouquins se vendent... c'est grâce à la popularité de fifty shades qu'à ouvert la porte, suivi de près par celle d'after qui est encore bien populaire.
ça te donne la nausée.
ce n'est même pas ça le pire, d'ailleurs. t'as conscience que tu peux remercier ces meufs qui t'ont permis de te faire des tunes là où tu ne pensais jamais pouvoir en gagner. c'est un truc que tu pourrais faire même si t'es bien content de ne pas y être confronté. mais ya ceux qui comparent. ceux qui
osent relever les points communs entre ces autres bouquins et les tiens.
et ça, ça te file la gerbe.
tu ne te considères pas comme un putain de super écrivain. tu considères pas avoir cette plume que l'on pourrait admirer. à ce niveau, t'es bien proche des deux autres. mais toi, toi tu t'enfonces pas dans les clichés de la meuf soumise sainte nitouche et du bad boy. toi, tu refuses toute forme d'abus et de relation glauque mis en scène dans ces fichus livres. jamais t'écriras une protagoniste qui juge les autres gonzesses parce qu'elles s'amusent, jamais t'écriras un mec qui manipule sa meuf émotionnellement. t'as conscience que ya de jeunes lecteurs qui te lisent et t'es pas prêt à leur apprendre la merde que les autres leur foutent dans la face.
t'es pas le meilleur.
mais tu seras meilleur qu'elles.