warning (harcèlement scolaire)  - jusqu'au prochain trait de séparation

Ce putain de sentiment d’impuissance que t’as quand tu sais que t’es piégé, coincé ; quand t’as conscience que tu ne seras libéré que selon le bon vouloir d’une personne qui a décidé de t’enfermer dans les chiottes de ce putain de collège. T’es à l’étroit. T’as l’impression de ne plus pouvoir respirer. Debout derrière la porte, t’as beau être fringué, t’as beau être prêt pour sortir le plus rapidement possible - dès que leur garde se sera baissé - tu fais pas le malin quand tu vois le portable passer au dessus de la porte, appareil photo dans ta direction. « Vas-y, t’as pris la photo ? Dis moi qu’il est en train d’chier, qu’on puisse le poster sur facebook de la classe. » Tu tentes de faire abstraction de leur plan qui te donne envie de gerber. Tu tentes d’éviter de te demander pourquoi, pourquoi ils font ça et pourquoi à toi. Tu te contentes de respirer pour ne pas paniquer alors que la porte semble définitivement fermée et que t’as l’impression de ne plus pouvoir respirer. Combien de temps ils vont te garder là ?

T’es libéré quelques minutes plus tard alors qu’ils s’aperçoivent qu’ils n’obtiendront pas la photo qu’ils recherchent. Et toi, t’ouvres la porte à la volée quand tu la vois à peine bouger, quand tu piges que personne n’y est encore appuyé. Tu sors sans attendre, t’enfuis presque jusqu’à la porte de la pièce pour te retrouver dehors, dans la cours ; bouffée d’air frais. « Oh regardez le, il s’enfuit. » Ton moqueur, rire qui l'accompagne et tu les entends, tu les sens te suivre alors que t’essaies de mettre un maximum de distance entre toi et eux.

Tu ne sens le croche patte que trop tard, alors que t’es déjà au sol. La douleur n’est rien à côté de l’humiliation, des regards braqués sur toi et des rires qui s’élèvent. Tu poses ton regard sur celle qui a foutu son pied devant toi dans le simple but que tu te ramasses sur le sol goudronné. « C’était une action, désolée. » Elle hausse les épaules, s’éloigne vers son groupe de nanas qui se tiennent le ventre en se marrant. Désolée qu’elle a dit machinalement sans même le penser. Elle s’en fout elle, elle a prouvé sa valeur au groupe de meufs populaires. T’es rien pour elle. T’es qu’une action à réaliser pour être accepté.

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« Tu veux bien… sortir avec moi ? » Elle est toute rouge quand elle te le demande, quand elle lève les yeux vers toi avec anticipation. Tu peux lire l’espoir dans ses prunelles. Il est évident qu’elle te porte de l’intérêt, qu’elle a véritablement envie que tu lui répondes positivement. Et toi tu restes là, à froncer un sourcil, à te demander si elle se fout de ta gueule ou non, si elle aussi, elle va te faire vivre l’enfer que t’as vécu à peine quelques mois plus tôt. « J’suis déjà pris. » Mensonge éhonté qui s’échappe de tes lèvres. La peur de te faire encore prendre pour un con gagne et tu préfères lui foutre un râteau plutôt que de courir le risque de te faire ridiculiser.

Le soir quand tu rentres chez toi après ta journée de lycée, tu te places devant la glace et tu laisses ton regard parcourir ton visage, ton corps. Ya un truc qu’a changé. Ya un truc qui fait que t’es passé de victime à source d’intérêt. T’es bien décidé à trouver ce que c’est.

Évidemment qu’il s’agit de la puberté, de la clémence de la nature. Tu finis par le comprendre après t’être mis à faire du sport pour t’aérer l’esprit, pour évacuer ta frustration. Tu les vois les regards sur toi, les yeux qui te suivent trop longuement pour que ce soit anodin. Tu le vois aussi, ton reflet dans le miroir, les muscles qui commencent à se dessiner. Ça te frappe de plein fouet.

T’aimes bien ce qui te fait face.
Il est canon, ce mec là.

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« J’ai couché avec la prof d’anglais. » T’as soufflé ça à tes potes de lycée sans trop savoir ce que tu cherchais. Leur reconnaissance ne te donnait pas tellement envie, faut l’avouer et tu te fichais pas mal qu’ils décident de te foutre sur un piédestal pour ton accomplissement. C’est ce qu’il se passa pourtant. Parce que quand un mec se tape une prof de huit ans de plus que lui, c’est un champion - et quand une meuf se tape un prof, c’est une pute. Putain de monde dans lequel on vit.

Et elle court, la rumeur.
Elle se répand comme une traînée de poudre,
jusqu’à ce que ça vienne aux oreilles du principal.

Tu l’as regardée s’éloigner pour la dernière fois, grimper dans sa voiture sans se retourner. Pourtant t’as pas loupé le regard froid qu’elle t’a lancé dans son rétroviseur. T’aurais pas pu fermer ta gueule. T’as lu la phrase dans ses yeux alors que les parents se murmuraient l’un à l’autre en la fixant, alors que les mecs continuaient de foutre leurs mains sur tes épaules parce qu’ils étaient fiers de toi. Toi t’es resté là, à la regarder partir, à penser à son avenir foutu en l’air, à sa réputation qui s’étend sans doute encore bien plus loin que les quelques pâtés de maisons.


Tu te souviendras toujours de ce sentiment de satisfaction que t’as ressenti après avoir tout fait explosé, après avoir fait tombé le premier domino, puis le second, jusqu’à ce que tous ne finissent sur le sol.

Putain de jouissif.

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Il a attrapé la clé que tu lui avais filé un peu plus tôt dans le lobby de l’hôtel, sans doute pressé de voir la surprise que son mec lui réservait. Tu lui avais soufflé que ce dernier l’attendrait dans la piaule, qu’il avait prévu quelque chose de spécial. Premier domino. Tu montes le circuit dans ta tête, plaçant les pièces où elles doivent se trouver pour un maximum d’effet. Et puis t’es monté dans ta chambre, t’y as retrouvé son mec et tu te l’es fait pour la seconde fois de la journée.

warning (sexe):

Et puis il a gueulé et son mec a pigé qu’il était là.
Tout s’est arrêté brusquement.
Leur couple avec.

Le troisième domino tombe et t’es bien trop fier. T’es sur ton nuage, grisé par la merde que t’as semé, par la sensation d’être vivant, de peser dans la balance du monde qui t’entoure.

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Elle frappe fort cette pute. Elle se ramène silencieusement quand tu t’y attends pas, quand tu réveilles en sursaut, couvert de sueur parce que ton cerveau a décidé de jouer les putains de traîtres. Quand tu t’assois dans ton lit et que tu lâches un grognement, quand tu piges que t’es finalement qu’humain et que t’es pas ce grand méchant loup que tu prétends être.

Elle frappe fort, la culpabilité.
Telle une grosse claque dans ta gueule de con.

Ton premier réflexe quand elle débarque est de t’allumer un joint et de porter ton attention sur ton portable que t’attrape entre tes mains. La première étape, c’est de forcer ton cerveau à penser à autre chose, à se concentrer sur des trucs quelconques pour ne pas qu’il s’obstine, qu’il s’obsède. Le joint est là pour calmer les nerfs, défaire la tension.

Routine de l’oubli quand tu redeviens humain - quand t’as soudainement l’impression d’être un super vilain privé momentanément de ses pouvoirs. Elle aide pas mal, la drogue ; le déni aussi. T’es devenu un master à ces trucs là, aux abus différents mais qui te permettent de nager dans l’oubli quand t’as décidé d'enterrer tes propres sentiments bien profondément. Ya que cette putain de tristesse qui reste, omniprésente, qui t’écrase tout entier. T’as l’impression de peser une tonne. T’as l’impression que tu ne pourras jamais te relever ; que le monde est bien trop lourd et qu’il est sur le point de t’écraser. Il est temps pour la seconde étape ; celle de choper l’un des petits comprimés d’extasy que tu gardes dans ta table de nuit - et de te laisser porter, de la laisser effacer toute trace de faiblesse encore présente.

Et ya plus qu’à tout recommencer.